"Plus je vais et moins le monde me satisfait. Chaque jour me montre davantage l'instabilité des caractères et le peu de confiance qu'on peut mettre dans les apparences de l'intelligence et du mérite." Orgueil et Préjugés - Austen

Publié dans : Romans XX°

le 18/10/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/laviedevantsoiromaingary080810111615.jpg La vie devant soi
Romain Gary (Emile Ajar)
1975

"Ils ont dit : Tu es devenu fou à cause de celui que tu aimes.
J'ai dit : La saveur de la vie n'est que pour les fous. "

Challenge ABC : 4/26

Quatrième de couverture
Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975. Histoire d'amour d'un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive : Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que "ça ne pardonne pas" et parce qu'il n'est "pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur". Le petit garçon l'aidera à se cacher dans son "trou juif", elle n'ira pas mourir à l'hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré "des peuples à disposer d'eux-mêmes" qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu'à ce qu'elle meure et même au delà de la mort.

Avis
Le mieux serait que je ne vous donne pas mon avis. On est trop influencé par l'opinion des autres, mieux vaut juger par soi même. Si je vous dis que ce livre est bouleversant, vous vous attendrez à quelque chose d'énorme, alors que si je ne vous dis rien, vous ressentirez vous-même ce que j'ai ressenti. Donc si vous voulez vraiment apprécier ce livre, ne lisez pas la suite de cet article.
Voilà mon avis : on m'avait parlé de ce livre comme quelque chose à part, de vraiment spécial. Tout le long de ma lecture, je trouvais ça plutôt bien, original du point de vue de l'écriture où c'est un garçon de 10 ans qui s'exprime. Mais il n'y avait pas encore ce petit plus que je trouve dans peu de livres, ce petit plus qui fait que cette lecture va au dela du "j'ai bien aimé". Et ce petit plus est arrivé à la fin. La fin m'a touchée, il y a quelque chose de fort en dessous, quelque chose de pur et beau. Et là je peux rejoindre l'avis qu'on m'avait donné au début que j'illustrerai par cette citation :
"Il y a des beautés qui sautent aux yeux et d'autres qui sont écrites en hiéroglyphes : on met du temps à déchiffrer leur splendeur mais quand elle est apparue, elle est plus belle que la beauté." Journal d'hirondelle - A. Nothomb.

En résumé : Une des rares lectures qui m'a vraiment touchée, surtout à la fin. Ce livre est superbe.


Extraits
* "Moi je vous dis que ce salaud-là n'était pas de ce monde, il avait déjà quatre ans et il était encore content."

* "Moi je crois que les Juifs sont des gens comme les autres mais il ne faut pas leur en vouloir."

* "Quand elle marchait, c'était un déménagement."

* "Il n'y a rien de plus contagieux que la psychologie."

* "L'escalier avec ses six étages était devenu pour elle l'ennemi public numéro 1."

* "Il m'a expliqué en souriant que rien n'est blanc ou noir et que le blanc, c'est souvent le noir qui se cache et le noir c'est parfois le blanc qui s'est fait avoir."

* "Monsieur Hamil dit que l'humanité n'est qu'une virgule dans le grand Livre de la vie et quand un vieil homme dit une connerie pareille, je ne vois pas ce que je peux y ajouter."

* "Quand on est môme, pour être quelqu'un il faut être plusieurs."

* "Je me suis assis dans l'escalier et j'ai pleuré comme un veau. Les veaux ne pleurent jamais mais c'est l'expression qui veut ça.

* "la tribu des éboueurs"

* "Ils vont me faire vivre de force, Momo."

* "La vie, c'est pas un truc pour tout le monde."

Publié dans : Romans XX°

le 6/10/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/giono.jpgUn roi sans divertissement
Jean Giono
1947

Quatrième de couvertur
Le livre est parti parfaitement au hasard, sans aucun personnage. Le personnage était l'Arbre, le Hêtre. Le départ, brusquement, c'est la découverte d'un crime, d'un cadavre qui se trouva dans les branches de cet arbre. Il y eut d'abord l'Arbre, puis la victime, nous avons commencé par un être inanimé, suivi d'un cadavre, le cadavre a suscité l'assassin tout simplement, et après, l'assassin a suscité le justicier. C'était le roman du justicier que j'avais écrit. C'était celui-là que je voulais écrire, mais en partant d'un arbre qui n'avait rien à faire dans l'histoire.

Avis
Je crois que c'est la lecture la plus difficile que j'ai eu à faire. Je devais vraiment me forcer pour lire ne serait-ce 10 pages. Vous imaginez donc que je ne vais pas faire l'éloge de ce roman. C'était une atmosphère désagréable tout le long, l'omniprésence du sang, de la neige. Mais après l'avoir étudié en classe, il m'a un peu plu. Un peu, car je ne recommanderai quand même pas cette lecture sauf si accompagnée d'explications. Y'a donc eu des choses qui me sont apparues intéressantes, notamment le personnage de Langlois. Dans la première partie du roman il recherche le meurtrier, mais finalement il se rend compte que lui aussi pourrait en être un (et à titre plus général, tous les hommes).  Le livre reprend une citation de Pascal : "un roi sans divertissement est un homme plein de misères" et la démontre en quelque sorte. Bon c'est pas facile à expliquer par rapport à l'histoire. Il y a aussi une sorte de fatalité dans ce roman, qu'on remarque dès le début, et qui laisse présager la fin. En parlant de la fin ... c'est vraiment vraiment glauque, il faut aimer. Si je devais citer une chose que j'ai aimée, ce serait peut-être la description du hêtre, en cours on avait fait toute une analyse dessus, c'est dommage qu'il m'ai fallu cette analyse pour me rendre compte de la beauté du texte. Je n'aime pas me faire une opinion négative sur un seul livre c'est pourquoi j'aimerais lire autre chose de Giono, pour ne prendre que les plus célèbres (même si c'est mal, shame on me) Regain, Angelo ou Le hussard sur le toit, ou bien quelque chose à proposer ?

En résumé : J'ai trouvé ce livre bizarre et très désagréable à lire. Le fond est pas mal, mais vraiment pas facilement accessible et c'est dommage.


Extraits
* "Des indications fort claires que nous n'avions rien à foutre dans un endroit pareil. Et on venait pour quoi ?"

* "Il fallait regarder tous les buissons comme si on cherchait des champignons."

* "C'est un pauvre couillon de qui sait d'où ?"

* "Un mot ne semblait qu'un mot au premier abord, mais je me méfiais beaucoup des mots."

Publié dans : Romans XX°

le 5/10/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/kafka.gifLe Procès
(Der Prozeß)
Franz Kafka
1925

Challenge ABC : 2/26

Quatrième de couverture
On raconte que c'est grâce aux éditions clandestines du samizdat - et donc, sans nom d'auteur - que fut introduite en Union soviétique la traduction du Procès. Les lecteurs pensèrent, dit-on, qu'il s'agissait de l'oeuvre de quelque dissident, car ils découvraient, dès le premier chapitre, une scène familière : l'arrestation au petit matin, sans que l'inculpé se sût coupable d'aucun crime, les policiers sanglés dans leur uniforme; l'acceptation immédiate d'un destin apparemment absurde, etc. Kafka ne pouvait espérer une plus belle consécration posthume. Et pourtant, les lecteurs se trompaient. Le projet de Kafka n'était pas de dénoncer un pouvoir tyrannique ni de condamner une justice mal faite. Le procès intenté à Joseph K., qui ne connait pas ses juges, ne relève d'aucun ordre et ne pouvait s'achever ni sur un acquittement ni sur une damnation, puisque Joseh K. n'était coupable que d'exister.

Avis
Lecture longue, car il se passe peu de choses. On ne sait pas bien à quoi va aboutir tout ce qu'entreprend Joseph K., au début on pense que ce n'est qu'une blague qui sera réglée rapidement, et il ne fait que subir son procès. Mais au fur et à mesure que le livre avance, on se demande comment il va sortir de ce pétrin, il essaye de prendre en main le dénouement de son accusation. Mais comment réussir, quand on ne sait même pas le motif de notre crime ? On ressent aussi l'impasse dans laquelle Joseph K. se trouve, il semble définitivement impossible de réussir à gagner son procès. Son destin est dans les mains de personnages qu'on ne verra jamais. Bien aimé la fin, comme le dit le résumé ; le procès ne pouvait s'achever ni sur une condamnation ni sur un acquittement ...
 
En résumé :  J'admire Kafka qui réussi à écrire un livre entier sur un procès qui ne comporte aucune accusation.


Extrait
"Comme un chien !" dit-il, c'était comme si la honte dût lui suivre.

Publié dans : Romans XX°

le 24/9/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/HygieneAssassin.jpg Hygiène de l'assassin
Amélie Nothomb
1992

Quatrième de couverture
Prétextat Tach, prix Nobel de littérature, n'a plus que deux mois à vivre. Des journalistes du monde entier sollicitent des interviews de l'écrivain que sa misanthropie tient reclus depuis des années. Quatre seulement vont le rencontrer, dont il se jouera selon une dialectique où la mauvais foi et la logique se télescopent. La cinquième lui tiendra tête, il se prendra au jeu. Si ce roman est presque entièrement dialogué, c'est qu'aucune forme ne s'apparente autant à la torture. Les échanges, de simples interviews, virent peu à peu à l'interrogatoire, à un duel sans merci. Dans ce premier roman d'une extraordinaire intensité, Amélie Nothomb manie la cruauté, le cynisme et l'ambiguïté avec un talent accompli.

Avis

Alors voilà, il faut savoir que ce roman m'a laissée bouche bée, il m'a sincèrement bluffée. Je n'avais jamais rien lu d'aussi bon, d'aussi proche de ce que je pouvais espérer d'un roman. J'ai été admirative, et depuis je le suis toujours, de l'écriture d'Amélie Nothomb. Ce roman, quand je l'ai lu, coincidait avec ma conception des choses ; c'est pour ça je pense qu'à ce jour il est mon préféré, largement au dessus de tous les autres. Un duel de mots, un duel d'esprit, EXCELLENT.

En résumé : Juste excellent, mon livre préféré.


Extraits
* "Voyez-vous ça. Cher monsieur, je crois que votre système est foireux, si j'en juge d'après la débilité de vos conclusions."

* "Si vous voulez connaître la lie des sentiments humains, penchez-vous sur les sentiments que nourrissent les femmes envers les autres femmes : vous frissonnerez devant tant d'hypocrisie, de jalousie, de méchanceté, de bassesse."

Publié dans : Romans XX°

le 21/9/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/kafka-copie-1.jpg La métamorphose
Franz Kafka
1912

Quatrième de couverture
Lorsque Gregor Samsa s'éveille un matin, après une nuit agitée, il doit se rendre à l'évidence : il est bel et bien métamorphosé. Doté d'une épaisse carapace d'où s'échappent de pitoyables petites pattes. Lugubre plaisanterie ? Hélas ! Plutôt une ultime défense contre ceux qui, certes, ne sont pas des monstres, mais de vulgaires parasites. Les siens en somme - père, mère, soeur -, dont l'ambition est de l'éliminer après avoir contribué à l'étouffer.

Avis
C'est fou mais après avoir lu ce livre, j'avais l'impression de penser comme un insecte. Cet homme métamorphosé a des pensées de coléoptère, et le lecteur bien entendu adopte son point de vue. J'ai donc trouvé cette nouvelle très intéressante sur cet aspect, mais au delà de ça beaucoup d'interprétations sont possibles. Pourquoi un homme transformé en coléoptère (ou quelque chose s'y rapprochant) ? Pourquoi cette réaction de la part de sa famille, qui semble avoir oublié qu'elle avait un fils ? Quel est le but de cette métamorphose ? Un autre dénouement était-il possible ? Certains y voient l'apologie de l'absurdité, d'autres le traitement social d'individus différents. Personnellement j'ai beaucoup ressenti la mise à l'écart et la solitude du personnage, ça m'a touché, d'autant plus qu'il est vraiment pathétique dans son nouveau corps. Il est incapable de communiquer, on a l'impression qu'il réagit exactement de la manière opposée à ce qu'on attendait, il perd toute son humanité.

En résumé : Cette lecture était étrange, j'ai bien aimé car le sujet est très intéressant. Elle m'a laissée perplexe ; je me suis surprise à éprouver de l'empathie pour un insecte...

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