"Plus de ces morceaux d'une éloquence sublime, plus de ces productions marquées au coin de l'ivresse et du génie : tout est raisonné, compassé, académique et plat." Jacques le Fataliste - Diderot

Publié dans : Romans XVIII°

le 30/9/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/candide.jpgCandide ou l'Optimisme
Voltaire
1759

Quatrième de couverture
"Cunégonde et Candide se trouvèrent derrière un paravent ; [...] leurs bouches se rencontrèrent, leurs yeux s'enflammèrent, [...] leurs mains s'égarèrent. Monsieur le baron Thunder-ten-tronckh passa auprès du paravent, et [...] chassa Candide du château à grands coups de pied dans le derrière ; Cunégonde s'évanouit [...] ; et tout fut consterné dans le plus beau et le plus agréable des châteaux possibles."

Chassé du meilleur des mondes, le malheureux Candide est entraîné malgré lui dans une succession d'aventures calamiteuses. Il assiste ahuri à la mort de son rêve, celui d'un monde parfait. L'humanité tout entière serait-elle donc foncièrement mauvaise ? Candide s'étonne, s'offusque, se lamente... et peu à peu se résigne.

Infos
Voltaire avait écrit ce conte philosophique en réponse à l'optimisme prôné par Leibniz. Tout commença par le tremblement de terre à Lisbonne le 1er Novembre 1755 (et qu'on retrouve dans le conte), à partir de quoi les Lumières vont tout remettre en question. A la suite de péripéties qui au premier abord semblent être le fruit du plus heureux hasard, Candide va se rendre compte de tous les vices de l'homme. Son maître Pangloss, caricature de Leibniz, ne cesse de lui affirmer que "Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles", mais au cours de son aventure Candide acquiert la capacité de raisonner par lui même. Tout le monde connaît la célèbre phrase "Il faut cultiver son jardin", en effet Voltaire nous délivre le message que le travail est la voie de la vertu et est bien plus profitable que n'importe quel discours.

Avis
Au début, je trouvais l'histoire trop facile, trop d' "heureux hasards", mais ça n'est pas le plus important. Finalement j'ai beaucoup aimé l'ironie de Voltaire, qui parfois se fout littéralement de la gueule de Leibniz et de tous les optimismes. On a aussi un parallèle avec le personnage de Martin : un pessimiste accompli, ce qui permet d'établir un contraste avec Pangloss. Voltaire nous ouvre les yeux : il faut tout simplement être réaliste. Certes, comprendre la philosophie de l'auteur n'est pas évidente. Après quelques explications en cours, j'ai plus particulièrement aimé ce conte, notamment certains chapitres comme celui de l'Eldorado ou celui de Constantinople car ils m'ont vraiment dépaysée.

En résumé : Les aventures de Candide m'ont beaucoup plu, ainsi que toute l'ironie de Voltaire qui se trouve derrière.


Extraits
* "- Croyez-vous, dit Candide, que les hommes se soient toujours mutuellement massacrés comme ils font aujourd'hui ? qu'ils aient toujours été menteurs, fourbes, perfides, ingrats, brigands, faibles, volages, lâches, envieux, gourmands, ivrognes, avares, ambitieux, sanguinaires, calomniateurs, débauchés, fanatiques, hypocrites et sots ?
- Croyez-vous, dit Martin, que les éperviers aient toujours mangé des pigeons quand ils en ont trouvé ?
- Oui, sans doute, dit Candide.
- Eh bien ! dit Martin, si les éperviers ont toujours eu le même caractère, pourquoi voulez-vous que les hommes aient changé le leur ?"

Publié dans : Romans XVIII°

le 16/9/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/diderot.gif Jacques le fataliste
Denis Diderot
1780
 
Quatrième de couverture
"Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où aillaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? Et que disaient-ils ? Le maître ne disait rien, et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut."
D'entrée de jeu, c'est sous le signe de l'incertitude et de l'ironie que Diderot place le roman qu'il publie de 1778 à 1780. Jacques et son maître devisent en voyageant, mais bientôt le récit des amours de Jacques s'interrompt, ouvre à d'autres histoire et à d'autres rencontres dans ce livre admirablement virtuose où la parole circule de narrateur en narrateur. La parole, mais aussi bien la réflexion sur notre liberté et sur le fatalisme qui fit de Jacques un manuel de gai savoir en même temps que ce roman toujours neuf dont l'esthétique de la rupture, de la provocation et du rebond fonde encore la modernité.

Avis
On passe de l'histoire des amours de Jacques à celle de l'hôtesse, on revient sur le récit du maître, ... incessamment. Il y a en quelque sorte 3 degrés dans ce roman : le premier étant le narrateur, tirant sur les ficelles de ses marionnettes. Au 2ème degré, on suit les aventures de Jacques et son maître, au 3ème on a des récits  enchâssés dans le récit principal.  Diderot jongle entre ces 3 niveaux, j'ai trouvé ça excellent.

En résumé : J'ai trouvé ce livre excellent, intelligent, audacieux, original, et remarquablement bien construit.


Extraits
* "Pourrais-tu me dire ce que c'est qu'un fou, ce que c'est qu'un sage ?"

* "Ah! Si je savais dire comme je sais penser ! Mais il était écrit là-haut que j'aurais les choses dans me tête et que les mots ne me viendraient pas."

* "Chacun apprécie l'injure et le bienfait à sa manière, et peut-être n'en portons-nous pas le même jugement dans deux instants de notre vie."

* "Telle est la différence de deux hommes braves par caractère, mais dont l'un est sage, et l'autre a un grain de folie."

* "Tout ce qui reluit n'est pas d'or."

* "Plus de ces morceaux d'une éloquence sublime, plus de ces productions marquées au coin de l'ivresse et du génie : tout est raisonné, compassé, académique et plat."

* "Avec un peu d'imagination et de style, rien de plus aisé que de filer un roman."

* "A force de vouloir montrer de l'esprit, vous n'êtes qu'une bête."

* "- Et pourquoi haïssez-vous les portraits ?
- C'est qu'ils ressemblent si peu, que si par hasard on vient à rencontrer les originaux, on ne les reconnait pas."

* "On passe les trois quarts de sa vie à vouloir sans faire."

* "Ils songent à eux, et tout dans la nature songe à soi et ne songe qu'à soi. Que cela fasse du mal aux autres, qu'importe, pourvu qu'on s'en trouve bien ?"

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