"Il m'a expliqué en souriant que rien n'est blanc ou noir et que le blanc, c'est souvent le noir qui se cache et le noir c'est parfois le blanc qui s'est fait avoir." La vie devant soi - Gary

Publié dans : Théâtre

le 21/3/10

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/uburoi.jpgUbu Roi
Alfred Jarry
1896

Challenge ABC : 20/26

Résumé
Le Père Ubu, convaincu par son épouse, décide de renverser le roi de Pologne pour prendre sa place et régner comme bon lui semblera sur le royaume...

Avis
Hum que dire que dire... Une pièce qui se laisse lire, mais sans plus. Au théâtre on est habitué à des histoires d'amour impossibles (exemple, exemple, exemple, exemple), dans cette pièce c'est un tout autre sujet. Le héros est un personnage bouffon, immoral et grossier, et veut renverser le roi de Pologne avec l'aide de sa femme qui n'est pas mieux que lui : voleuse, ivrogne et manipulatrice.
Cette pièce m'a un peu rappelé La Cantatrice Chauve de Ionesco. On a en effet des personnages grotesques (Père Ubu et Mère Ubu), une situation vraiment improbable... La pièce rompt avec le théâtre plus "classique". On dit d'ailleurs d'elle qu'elle est le précurseur du théâtre de l'absurde ; théâtre qu'on retrouve totalement dans La Cantatrice Chauve.
En même temps, cette pièce m'a beaucoup fait penser à La Vie est un Songe de Calderón. L'action se passe en Pologne, il y a des grottes en veux-tu en voilà, de la neige, des peaux d'ours, des rois qui dilapident leur fortune, un personnage qui s'appelle Sigismond et un autre Rosemonde.

En résumé : Une pièce qui s'annonce en rupture avec le théâtre "classique", mais qui ne m'a pas plus emballée que ça.


http://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/miro.png
Et ô surprise, j'étais en train de chercher l'image du livre quand je suis tombée sur ça.
Oui les amis, le tableau d'el Señor Joan Miró sur Ubu Roi. Y'en a toute une série d'ailleurs.
J'aime beaucoup Miró, mais là j'ai franchement du mal à voir quel moment de la pièce ça illustre.

Publié dans : Contes/Nouvelles

le 12/11/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/woodyallenlerreuresthumaine.gif L'erreur est humaine
(Mere anarchy)
Woody Allen
2007

Quatrième de couverture
Woody Allen mêle le ridicule à l'invraisemblable sans oublier d'y mettre une pincée acide. Il renoue avec un sens du décalage, de la dérision et de l'absurde qui rappelle l'esprit de ses premiers films. Avec, comme toujours, des dialogues à hurler de rire.

Avis
Ces 18 nouvelles, toutes plus absurdes les unes que les autres, ont surtout pour intérêt leur humour. "Humour". Sachant qu'on parle de Woody Allen et de son humour d'intello incompris, ça peut paraître lourd, mais malheureusement il colle parfaitement au mien. Voilà un recueil qui donne le sourire. Plongez vous dans la nouvelle Stylo à gages, par exemple, et vous constaterez qu'il n'y a pas que vous qui ne tournez pas rond. Ma préférée ? Théorie des cordes et désaccord.

En résumé : Un humour qui colle parfaitement au mien et des thèmes plus absurdes les uns que les autres font que j'ai passé un super moment.


Extrait
"Qui es-tu, ô toi amalgame protoplasmique aléatoire ?"

Publié dans : Théâtre

le 1/11/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/ionesco.jpg La Cantatrice Chauve
Eugène Ionesco
1950

Challenge ABC : 6/26


Résumé
M et Mme Smith ont invité à dîner M et Mme Martin. Le pompier puis la bonne s'invitent à leur tour, le tout donnant une petite perle de littérature.

Avis
J'avais entendu cette pièce qualifiée de théâtre de l'absurde, je ne savais donc pas trop à quoi m'attendre, ce que "théâtre de l'absurde" signifiait. Et en fait, j'ai trouvé cette pièce géniale (surement encore mieux à voir en représentation d'ailleurs). Il y a dedans un humour qui colle pile poil avec le mien. Là certains se disent : "Humour ... ?". En fait, c'est complètement absurde du début à la fin, d'ailleurs à la fin, il est indiqué que la pièce doit recommencer comme au tout début. Il y a toujours un décalage, différent dans chaque scène. Par exemple lorsque Mme Smith parle pour ne rien dire tandis que M. Smith continue de lire son journal en faisant claquer sa langue, ou bien lorsque les époux Martin ne se reconnaissent pas et se trouvent de singulières coïncidences ("Cher monsieur il semblerait que l'on partage le même lit"). Même l'horloge qui rythme la pièce la rythme à sa façon : irrégulière, imprévisible et incohérente, comme tout le reste. Bref, je me suis bien marrée. Le titre est trompeur, il n'y a aucune cantatrice chauve, seulement un tout petit passage dans la pièce qui nous éclaire sur le choix de ce titre : absurde comme le reste. Aucun des personnages ne semble lucide, prendre du recul, on dirait qu'ils vivent dans un monde parallèle complètement incohérent. A la fin, ils enchaînent les proverbes sans aucun liens entres eux. Pour la petite histoire, Ionesco voulait apprendre l'anglais et s'est étonné des méthodes d'apprentissage, à savoir des phrases sans cohérence (un peu le genre "Where is Bryan ?"). Il n'y a aucune morale à en tirer, aucune psychologie à dégager, c'est autrement dit une "anti-pièce". Et ça me donne bien envie de lire une autre pièce de l'auteur.

En résumé : J'ai adoré cette pièce, ce côté absurde qui revient toujours de différentes façons.


Extraits
* "Et la tante de Bobby Watson, la vieille Bobby Watson pourrait très bien, à son tour, se charger de l'éducation de Bobby Watson, la fille de Bobby Watson. Comme ça, la maman de Bobby Watson, Bobby, pourrait se remarier."

* "Je te donnerai les pantoufles de ma belle-mère si tu me donnes le cercueil de ton mari."

* "Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux !"

* "-A propos, et la cantatrice chauve ?
- Elle se coiffe toujours de la même façon !"

Publié dans : Romans XX°

le 17/9/09

  http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/etrangercamus1261103393.jpg L'étranger
Albert Camus
1942

 
Quatrième de couverture
Quand la sonnerie a encore retenti, que la porte du box s'est ouverte, c'est le silence de la salle qui est monté en moi, le silence, et cette singulière sensation que j'ai eue lorsque j'ai constaté que le jeune journaliste avait détourné les yeux. Je n'ai pas regardé du côté de Marie. Je n'en ai pas eu le temps parce que le président m'a dit dans une forme bizarre que j'aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français...

Avis
“Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort.” disait Camus à propos de L'étranger. Cette phrase à elle seule pourrait résumer le livre. On voit bien l'absurdité de la chose, et c'est ce que tout le livre nous montrera.

Inspiration
Je crois que le mieux pour parler de ce livre est de commencer par sa source d'inspiration. On m'a raconté que Camus avait écrit L'étranger à partir d'un poème de Baudelaire du même nom, le voici :

"- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? Ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh! Qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !"

♠ Le récit en deux parties
L'histoire se divise en deux parties. La première est marquée par la mort de la mère de Meursault, qui ne semble pas particulièrement affecté. Tout le long de la première partie, c'est un détachement du personnage, un détachement dans ses émotions. Le terme d' "étranger" est tellement justifié : étranger à la société, étranger à sa propre famille, étranger à ses émotions ; en somme étranger à lui-même. En ce sens, on peut sans problème le qualifier d'anti-héros. La lecture de cette partie n'accroche pas vraiment, il ne se passe presque rien (et c'est voulu), jusqu'à ce qu'on arrive à un moment de rupture.

Meursault tue un homme et se fait emprisonner. Durant toute la deuxième partie on le suivra dans sa cellule de prison et jusqu'au dénouement de son procès. Paradoxalement, j'ai trouvé que lorsqu'il était enfermé, il libérait totalement ses pensées, contrairement à la première partie où il est encore libre. Les deux parties du livre se contrastent et s'opposent. J'ai préféré la deuxième partie justement pour le fait qu'on ait plus accès aux sentiments de Meursault, qui m'a semblé plus humain à ce moment là, et moins étranger. En plus vous connaissez mon faible pour les récits de prisonniers..

♠ Le procès
Le procès de Meursault ne sera qu'une grosse blague, et je dis ça parce que sa condamnation ne repose que sur l'argument qu'il n'a pas pleuré à l'enterrement de sa mère ; donc par raisonnement très logique, cet homme est un monstre insensible qui tue les gens sans le moindre remord. Nous lecteur, on connait les circonstances de son acte, et on ne peut pas voir ce procès autrement que comme une énorme injustice, et ç'en est risible vu les preuves pathétiques de sa culpabilité (le fait qu'il n'ait pas pleuré à l'enterrement de sa mère des mois auparavant).
 
En résumé : Le récit d'un homme étranger à la société et à lui-même, victime de l'absurdité de son époque. Beaucoup aimé, surtout la fin. Du grand art je l'admets.


Extraits
* "J'ai compris alors qu'un homme qui n'aurait vécu qu'un seul jour pourrait sans peine vivre cent ans dans une prison. Il aurait assez de souvenirs pour ne pas s'ennuyer."

* "Voilà l'image de ce procès. Tout est vrai et rien n'est vrai !"

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