Le Rouge et le Noir
Stendhal
1830
Quatrième de couverture
Après trente ans de travail acharné, Stendhal est digne d'improviser ; il sait peindre d'un premier trait, d'un seul trait. Il a lentement créé cet instrument de prose rapide, qui est lui-même : son style le plus parfait est devenu sa voix naturelle. L'originalité n'est plus qu'un but qu'ils se propose : elle est en lui...
La revanche imaginaire, ce rêve de compensation qui succède à la douleur de l'échec et en marque la convalescence, est un des excitants les plus forts de l'imagination créatrice. C'est sous cet aspect de revanche imaginaire qu'il faut voir la transposition de Stendhal en Julien, sa minceur. Les souvenirs directs gardent leur accent secret et déchirant parce qu'ils sont placés parmi les enthousiasmes de la revanche imaginaire." Jean Prévost
Avis
Alors tout d'abord, c'est quoi cette quatrième de couverture ? L'histoire n'est même pas annoncée, et je vois pas où est l'intérêt de nous parler de la "revanche imaginaire". Non mais franchement. Bref, voici l'histoire :
Julien, jeune provincial, entre en tant que précepteur chez les Rênal. Sa rigueur et son orgueil rendront l'amour qu'il partage avec Madame de Rênal impossible. Il entre en séminaire pendant plusieurs années puis devient secrétaire du Marquis de la Mole à Paris. C'est là qu'il rencontre Mathilde, son "double" féminin. Partagé entre ses sentiments pour Madame de Rênal et ceux pour Mathilde, malgré son ambition, il est poussé à faire un acte, un acte qui pourrait bien lui coûter la vie.
Je crois que je ne me suis jamais autant identifiée à un personnage de roman qu'à Julien. C'était comme si Stendhal anticipait mes réactions, savait de quelle manière je réagirais. J'aime bien ce personnage, il est super ambigü : modeste, orgueilleux, intelligent, pudique par rapport à ses sentiments. Il est fort et faible à la fois, c'est ce qui fait tout le mystère de Julien, et tout son intérêt.
Les moments de confrontation entre Julien et Mathilde étaient juste géniaux. Je voulais à tout prix savoir ce qui se passerait quand ces deux esprits si similaires s'affronteraient. Je trouve que Mathilde et Julien n'étaient pas "compatibles" car ils pensaient de la même façon. C'était captivant mais effrayant vous voyez. Pour moi ce n'était pas de l'amour comme avec Madame de Rênal, c'était plutôt une sorte de fascination l'un envers l'autre.
Et puis j'ai un faible pour les prisonniers dans les livres, donc encore une fois la fin m'a ravie. J'avais pour objectif de lire ce roman avant mon bac de français, voilà chose faite. Comme il est catalogué dans les classiques, j'avais un peu peur d'être déçue par un livre de 600 pages, mais au final y'a eu beaucoup de choses très intéressantes. Cela dit, un voile plane encore pour moi au niveau du titre, j'ai lu quelques trucs dessus mais ça ne m'a pas vraiment éclairée.
En résumé : Trèèèèès longue lecture, et vous savez que ça me motive moyennement. Au final j'ai surtout aimé les passages entre Mathilde et Julien.
Extraits
* "L'importance ! Monsieur, n'est-ce rien ? Le respect des sots, l'ébahissement des enfants, l'envie des riches, le mépris du sage." ( de Barnave, en épigraphe)
* "Julien la regarda froidement avec des yeux où se peignait le plus souverain mépris."
* "vide de sens, niais, faible, en un mot féminin."
* "L'amour fait les égalités et ne les cherche pas" (de Corneille, en épigraphe)
* "Leur bonheur avait quelque fois la physionomie du crime."
* "La parole a été donnée à l'homme pour cacher sa pensée." (de Malagrida, en épigraphe)
* "Illustre et vaste corporation à laquelle j'ai l'honneur d'appartenir, je ne suis qu'un sot."
* "Je sens que je vous aime de l'amour le plus violent."
* "Tout bon raisonnement offense."
* "Voici toute ma politique : j'aime la musique ; la peinture ; un bon livre est un évènement pour moi."
* "Toute vraie passion ne songe qu'à elle."
* "Il ne faut jamais dire le hasard, mon enfant, dites la Providence."
* "Un coeur un peu sensible voit l'artifice."
* "Il avait un désavantage énorme aux yeux de la beauté, il était fort laid."
* "Il méprise les autres et c'est pour cela que je ne le méprise pas."
* "Elle avait infiniment d'esprit, et cet esprit triomphait dans l'art de torturer les amours propres et de leur infliger des blessures cruelles."
* "Oui, couvrir de ridicule cet être si odieux, que j'appelle moi, m'amusera."
* "Elle lui proposa sérieusement de se tuer avec lui."
* "Grand Dieu ! Pourquoi suis-je moi?"