"La vie n'est qu'un délire tout bouffi de mensonges." Voyage au bout de la nuit - Céline

Publié dans : Biographie/Témoignage

le 30/3/10

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/colosse.jpgLe colosse d'argile
Philippe Fusaro
2004

Challenge ABC : 21/26

Quatrième de couverture
Je suis Primo Carnera, le plus grand boxeur par la taille qu’on ait jamais vu, la Montagne de fer. Je me suis mesuré aux hommes les plus forts et j’ai même combattu contre un kangourou et contre King Kong.
Je suis Primo Carnera, un paysan du Frioul, idolâtré par le régime fasciste. Mussolini m’a adoré puis m’a renié quand j’ai perdu contre Joe Louis.
Je suis Primo Carnera, l’ami de John Wayne. J’ai craché sur Bogart et, au cinéma, j’ai été pirate, gangster et même Frankenstein. Je suis Primo Carnera, l’unique amour de Pina de Gorizia.
Voici mon histoire, celle d’un homme simple qui a souffert de la faim et de l’exil.


Avis
Ce livre offre une entrée en matière dans le monde de la boxe des années 30. L'auteur a voulu retracer la vie du célèbre champion du monde italien catégorie poids lourd, Primo Carnera.

Du point de vue biographique pur, je ne connais pas les sources de l'auteur, la plupart des lettres, dialogues, etc, sont inventés (eh oui ça paraît logique). Dans son livre, l'auteur veut montrer que Carnera a été la marionnette de Mussolini. J'ai trouvé que Mussolini était dépeint assez caricaturalement dans une des lettre qu'il écrit ; genre le méchant dictateur qui dégage tous les loosers du pays. Et de l'autre côté on a le gentil boxeur un peu bêbête qui se fait arnaquer par tout le monde. L'auteur répétait assez souvent dans le livre que l'entourage de Primo Carnera le voyait comme quelqu'un de trop naïf. L'auteur voulait casser cette image, présenter le boxeur sous d'autres aspects. C'est pourtant l'inverse que j'ai retenu, ou du moins qui a été beaucoup plus souligné.

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/primocarnera-copie-1.jpgDu point de vue écriture, j'ai bien aimé le fait qu'il y ait plusieurs personnages qui parlent, plusieurs points de vue différents (par exemple son manager, un boxeur, sa femme...). On a assez souvent les pensées de Carnera. Il s'exprimait dans un mélange d'italien et de français, j'avais vraiment l'impression d'entendre parler français un italien. Lors des combats, ce qui était aussi intéressant, c'est que les pensées du boxeur étaient livrées, on pouvait se croire sur le ring en train de donner nous-même les coups.

Carnera apparaît comme un homme extrêmement généreux mais trop naïf. On a profité de sa carrure de colosse et de ses succès dans la boxe pour le hisser au rang d'icône sportive du régime fasciste. Mais on n'a pas hésité à l'abandonner dès qu'il a commencé à plus être bon. C'est ça le business.

En résumé : Une découverte intéressante de la vie d'un champion du monde de boxe, avalé et recraché par le monde de la boxe et par le régime fasciste.

Publié dans : Biographie/Témoignage

le 30/12/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/rabelais.jpgLe roman de Rabelais
Michel Ragon
1994

Quatrième de couverture
Obscur moine franciscain, Rabelais devint le médecin le plus réputé de son temps. D'origine modeste, il fréquenta les papes, fut le protégé d'un cardinal et l'auteur favori de François Ier. Croyant sincère, il écrivit des livres dont la truculence et l'audace de pensée lui valurent les foudres de la Sorbonne. Célèbre dans toute l'Europe, il acheva sa vie dans un quasi-dénuement, au service des humbles, à Saint-Maur près de Paris...

Avis
Lu l'année dernière dans le cadre du bac de français, sur notre séquence humanisme, ce petit bouquin retrace une partie de la vie de Rabelais. Il rend bien compte des différentes facettes de cet homme : homme de science, homme d'Eglise, homme de lettres. Et pourtant un homme incroyablement audacieux pour son temps. On suit pas à pas son écriture de Gargantua, en français et non en latin comme c'était de coutume. Si je me souviens bien de ce qu'on m'a dit; son oeuvre était un peu tombée dans l'oubli au fil des siècles, mais a été redécouverte, et c'est avec plaisir que j'ai étudié ses écrits. Pour en revenir à la structure du livre, il s'agit en fait de récits enchâssés : c'est à dire qu'un personnage raconte l'histoire de Rabelais. On assiste également aux relations qu'il entretenait avec la cours, avec les bien connus du Bellay et la Pléiade. L'admiration que Rabelais portait pour Marguerite de Navarre m'a simplement parue un peu étrange et inutile dans l'histoire, je ne sais pas si ce fait est véridique. Dans l'ensemble, ce livre donne une bonne vision globale de l'époque humaniste, la Pléiade, Marot, Dolet, et tous ceux qui ont contribué à l'essor et l'enrichissement de notre langue française sous la couronne de François Ier.

En résumé : Un livre intéressant, un bel hommage qui met en valeur la vie et les travaux de l'humaniste Rabelais, à qui la langue française doit tant de choses aujourd'hui.


Extrait
"Et puisque le monde est fou, puisque le fou se moque du fou, que le plus fou des deux est celui qui rit le plus fort, puisque la plus grande des sagesses est de paraître fou, il mettait le monde à l'envers." (à propos de Rabelais)

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le 29/11/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/nothomb-copie-1.jpgMétaphysique des tubes
Amélie Nothomb
2000
 
Quatrième de couverture
Parce qu'elle ne bouge pas et ne pleure pas, se bornant à quelques fonctions essentielles - déglutition, digestion, excrétion -, ses parents l'ont surnommée la Plante.
L'intéressée se considère plutôt, à ce stade, comme un tube.
Mais ce tube, c'est Dieu.
Le lecteur comprendra vite pourquoi, et apprendra aussi que la vie de Dieu n'est pas éternelle, même au pays du Soleil levant...

Avis
Au début je dois dire que cette "théorie" du tube me paraissait un peu étrange, d'autant plus qu'il ne se passait rien. Amélie est comme un légume. Mais soudain grâce au chocolat de sa grand-mère, elle prend enfin vie, et là ça devient nettement plus intéressant. Un récit autobiographique de ses 3 ans c'est original, le tout dans un cadre japonais magnifique. Personnellement je ne me souviens pas aussi bien de ma vie à cet âge là. La dernière phrase du livre est encore une fois excellente, comme pour Journal d'Hirondelle. En gros toute la vie d'Amélie se résume à ses 3 ans, après ça n'a plus d'importance. Et pourtant y'a quand meme eut une suite à son récit : si on suit l'ordre chronologique, Métaphysique des tubes précède Le sabotage amoureux. Bien que j'adore l'écriture d'Amélie Nothomb, ces deux livres autobiographiques ne sont pas mes préférés de l'auteur. (voir Hygiène de l'Assassin).

En résumé : Un Amélie Nothomb toujours aussi génial à lire, mais je préfère ses romans à ses autobiographies.


Extrait
" Ensuite, il ne s'est plus rien passé."

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le 5/11/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/sicestunhomme.gif Si c'est un homme
(Se questo è un uomo)
Primo Levi
1947

Challenge ABC : 7/26

Quatrième de couverture
"On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une une sincérité égale au sentiment de honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce.
C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous rentenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité." Angelo Rinaldi

Avis
Quand je l'ai fini hier soir, impossible de m'endormir. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à ce livre. La fin m'a secouée. Je ne saurai dire ce que je ressentais exactement. Ca me serrait la gorge, je ne pouvais plus parler. Ca m'obsédait. Et je me disais "si j'arrête d'y penser, si j'essaye de ne plus y penser, ce serrait souiller tous ces hommes".

Que peut-on dire de l'horreur décrite, de ce qu'il a vécu ? Les SS les avaient réduits à du bétail, mais ils luttaient encore contre la mort. Et puis tout ce cadre glauque à la fin, de froid, de maladie, de saleté, d'insécurité, d'incertitude quant à l'arrivée du front, ou bien celle de la mort. Jusqu'au dernier moment les nazis et leurs listes. "Ne pas chercher à comprendre". Comment survivre dans un univers aux règles absurdes, illogiques et contradictoires ? "Ne pas chercher à comprendre"... Tout le long du livre, on vit dans l'horreur "routinière" de Primo Levi, on s'y habitue presque. La fin casse ce rythme, il essaye tant bien que mal de survivre dans le froid et la maladie... j'sais pas... y'a pas de mot.

En résumé : Un récit qui m'a bouleversée, surtout à la fin. Pour comprendre l'horreur des camps de concentration, c'est un devoir de lire ce témoignage.


Extraits
* "Malheur à celui qui rêve : le réveil est la pire des souffrances."

* "J'ai l'impression de dormir sur une voix de chemin de fer."

* "Cet interminable enchevêtrement de fer, de ciment, de boue et de fumée est la négation même de la beauté."

* "Mais Lorenzo était un homme : son humanité était pure et intacte, il n'appartenait pas à ce monde de négation. C'est à Lorenzo que je dois de n'avoir pas oublié que moi aussi j'étais un homme."

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le 16/9/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/sabotage.jpg Le Sabotage Amoureux
Amélie Nothomb
1993

Quatrième de couverture
Saviez-vous qu'un pays communiste, c'est un pays où il y a des ventilateurs ? Qu'un vélo est en réalité un cheval ? Vous l'apprendrez, et bien d'autres choses encore, dans ce roman inclassable, épique et drôle, fantastique et tragique, qui nous conte aussi une histoire d'amour authentique. Un sabotage amoureux : sabotage, comme sous les sabots d'un cheval qui est un vélo...

Avis
Le Sabotage Amoureux s'inscrit comme la suite de Métaphysique des Tubes, puisque c'est encore un roman autobiographique. La petite Amélie a dû quitter son Japon bien-aimé et découvre en Chine le communisme, la guerre, l'amour.. J'ai retrouvé le style d'Amélie Nothomb que j'aimais tant. Dans l'histoire, j'ai trouvé qu'elle dépeignait les enfants comme super hypocrites, méchants, surtout Elena. Cette fille aurait été exactement le genre d'enfants qui m'auraient fascinée à la maternelle. Belle, inaccessible, secrète, cassante, sèche. Personnage très très intéressant et c'est ce qui me plaît.

En résumé: Un Amélie Nothomb qui est toujours aussi bon à lire, après ses autobiographies ne sont pas mes livres préférés.


Extraits
* "Rien n'était plus agréable que d'avoir trop d'air dans le cerveau."

* "La prétention fait écrire."

* "Sur terre, personne n'est indispensable, sauf l'ennemi."

* "Ce sinistre accident qu'est la vie."

* "Un champignon atomique de confettis charnels"

* "J'ai remplacé Pékin par du papier blanc et le cheval par de l'encre."

* "- Il faut que tu m'aimes.
Elle daigna me regarder, mais c'était un regard dont je me serais passée. Elle eut un petit rire méprisant. Il était clair que je venais de dire une idiotie. Il fallait donc lui expliquer pourquoi ce n'en était pas une :
- Il faut que tu m'aimes parce que je t'aime. Tu comprends ?
Il me semblait qu'avec ce supplément de données tout rentrerait dans l'ordre. Mais Elena se mit à rire plus fort.
Je ressentis une blessure confuse.
- Pourquoi tu rigoles ?
D'une voix sobre, hautaine et amusée, elle répondit :
- Parce que tu es bête.
Ainsi fut accueillie ma première déclaration d'amour."

* "Ils naissaient avec, entre les jambes, cette chose grotesque dont ils étaient pathétiquement fiers, ce qui les rendait encore plus ridicules."

* "Nous avions découvert la pierre philosophale du vomi : un mélange d'huile de salade et de café soluble."

* "Il n'y avait pas de discussion possible. C'étaient les parents qui possédaient la nourriture, les lits et les voitures. Pas moyen de désobéir. Nos généraux eurent néanmoins le cran de faire valoir que nous avions besoin d'ennemis.
- Pourquoi ?
- Mais pour la guerre !
Nous n'en revenions pas que l'on pût poser une question aussi tautologique.
- Vous avez vraiment besoin de guerre ? demandèrent-les adultes avec un air accablé.
Nous comprîmes à quel point ils étaient dégénérés et nous ne répondîmes pas."

* "Tu veux que je me sabote pour toi ? C'est merveilleux. C'est digne de toi et digne de moi. Tu verras jusqu'où j'irai."

* "Qu'est-ce qu'une fleur ? Un sexe géant qui s'est mis sur son trente et un."

* "Il arrive que l'orgueil fasse perdre le sens de la dignité."

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