"L'avenir, je vois comment qu'y sera... Ca sera comme une partouze qui n'en finira plus." Voyage au bout de la nuit - Céline

Publié dans : Elucubrations

le 11/9/10

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Ces derniers jours, avec ma rentrée, j'ai l'impression d'avoir été complètement coupée de mon ordi. J'ai donc plusieurs nouvelles à donner. La première, et pas des moindre, le nouvel album des Scissor Sisters est enfin sorti ! Ensuite, et vous l'avez surement vu, une mise à jour de Livraddict. C'est bien mieux organisé, on peut voir quels livres on a prêté ou emprunté, et même un planisphère avec les nationalités des auteurs lus.

Enfin, il y a un an et un jour, je commençais ce blog. L'heure est au bilan. Quelles sont les découvertes que j'ai faites, mes coups de cœur, les livres qui m'ont apporté un nouveau regard sur les choses, dont le style ou les idées m'ont plu, en somme les livres les plus marquants que j'ai lus cette année ?


http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/LeMeilleurdesmondes.jpg-Le meilleur des mondes, d'Aldous Huxley : dystopie effrayante et si lucide, qui nous met en garde pour l'avenir.http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/Celine.png

-Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline : Bardamu nous fait part de la pourriture du monde qui l'entoure, sur un ton de passivité et écrit avec un style remarquable.

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/sicestunhomme.gif-Si c'est un homme, de Primo Levi : sans nul doute le livre pour lequel j'ai le plus de respect puisqu'il s'agit d'un témoignage d'un rescapé des camps. Frappant et humain, glaçant tout au long et jusqu'à la fin, à lire pour le devoir de mémoire.http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/ladisparitiondegeorgeperec.gif

-La disparition, de Georges Perec : le livre qui pour moi relève du génie, tant par le fond que par la forme.

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/laviedevantsoiromaingary080810111615.jpg-La vie devant soi, de Romain Gary (Emile Ajar) : vu par les yeux d'un enfant, et Dieu que les enfants voient bien les choses ; Momo raconte son quotidien avec Madame Rosa la personne âgée qui le garde, et le lien qui se tisse entre eux jusqu'à la mort.http://milkymoon.cowblog.fr/images/tsongor.jpg

- La mort du roi Tsongor, de Laurent Gaudé : dans une Antiquité fictive, récit mené par une plume empreinte de mélancolie et de douceur.

Publié dans : Romans XX°

le 15/6/10

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/Celine.pngVoyage au bout de la nuit
Louis-Ferdinand Céline
1932

Challenge ABC : 26/26

Quatrième de couverture
"- Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand ! Vous êtes répugnant comme un rat...
- Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu'il y a dedans... Je ne la déplore pas moi... Je ne me résigne pas moi... Je ne pleurniche pas dessus moi... Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu'elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c'est eux qui ont tort, Lola, et c'est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir."


Avis
Enfin ! Je suis restée bien 5 mois sur ce livre... oui j'ai du mal avec les longs romans. C'est pas faute d'être ennuyeux, au contraire. J'ai trouvé l'écriture... juste géniale. L'histoire en elle même ne m'a pas toujours beaucoup captivée, mais la manière dont le narrateur t'envoie son histoire en pleine face, comme s'il te la crachait son histoire, c'était excellent.

Le récit de Ferdinand Bardamu se décompose en 5 phases. La première, c'est la guerre. Mais la guerre l'ayant plus que dégouté, il quitte la France pour une colonie en Afrique. Je pense que c'est la partie que j'ai préférée, l'environnement tropical toussa toussa, j'aime beaucoup. Mais là encore, le système colonial le répugne. "La poésie des Tropiques me dégoutait. Mon regard, ma pensée sur ces ensembles me revenait comme du thon." Ce qui conduit notre ami Bardamu à New York, où il fait la rencontre du capitalisme américain. "Quand les fidèles entrent dans leur Banque, faut pas croire qu'ils peuvent se servir comme ça selon leur caprice. Pas du tout. Ils parlent à Dollar en lui murmurant des choses à travers un petit grillage, ils se confessent quoi." Il revient donc en France où on le retrouve une dizaine d'année plus tard, exerçant la profession de médecin... oui ça m'a surprise, c'était bien la dernière des professions que je le voyais exercer. Enfin soit. Cette partie du roman est celle où j'ai le moins accroché, ça se passe dans une banlieue parisienne, et Bardamu s'occupe essentiellement de malades. On sentait une certaine résignation, une sorte de fatalité dans son ton. "Bientôt, il n'y aura plus que des gens et des choses inoffensifs, pitoyables et désarmés tout autour de notre passé, rien que des erreurs devenues muettes". Enfin, la dernière partie de son histoire se déroule dans un asile, c'est gai.

A chaque étape, Bardamu tombe comme par hasard sur Robinson, un type qu'il rencontre pendant la guerre. C'est comme si leur destin était lié. A chaque fois quand Robinson disparaissait, on se croyait débarrassé de lui, mais non, il est là jusqu'à la fin. En parlant de fin, eh bien, elle m'a laissée perplexe la fin. Tout ça pour dire que j'ai vraiment beaucoup aimé l'écriture, ce ton de lâcheté, de passivité complète. Bardamu est un anti-héros, je sais pas si la comparaison est pertinente mais il m'a rappelé L'étranger de Camus. On comprend mieux ce qu'évoque le titre, cette "nuit" dans laquelle il s'enfonce et s'enfonce, cette pourriture du monde dont il s'efforce de rendre compte. Petite note : Céline s'est inspiré de son expérience personnelle de la guerre de 14/18 et en tant que médecin pour écrire ce livre, mais ce livre n'est toutefois pas une autobiographie.

En résumé : Avec du recul, ce livre m'a marquée. Le style incomparable de la narration, la vision du monde de cet anti-héros persistent dans ma mémoire, et c'est le signe que j'ai affaire à un excellent bouquin.


Extraits
* "Les fleurs c'est comme les hommes. Plus c'est gros et plus c'est con."

* "candidement cannibale"

* "Il offrait à cette petite fille lointaine assez de tendresse pour refaire un monde entier, et cela ne se voyait pas."

* (à propos des crépuscules) : "Tragiques chaque fois comme d'énormes assassinats du soleil."

* "Il s'appelait "Surgeon général" ce qui serait un beau nom pour un poisson."

* "A 37° tout devient banal."

* (à propos du métro) : "rempli de viandes tremblotantes"

* "On aurait dit des grosses bêtes bien dociles, bien habituées à s'ennuyer."

* "mon néant individuel"

* "une sorte de moulin à café à monnaie."

* "L'existence ça vous tord et ça vous écrase la face."

* "C'est le voyageur solitaire qui va le plus loin."

* "L'avenir, je vois comment qu'y sera... Ca sera comme une partouze qui n'en finira plus."

* "des précautions d'assassinat"

* (à propos des journaux) : "formidable artichaut de nouvelles en train de rancir"

* "Ah il y en a qui vont au Théâtre pour se faire des émotions ! Mais je vous le dis : il est ici le théâtre !"

* "La vie n'est qu'un délire tout bouffi de mensonges."

* "Quand on commence à se cacher des autres, c'est signe qu'on a peur de s'amuser avec eux. C'est une maladie en soi. Il faudrait savoir pourqoi on s'entête à le pas guérir de la solitude."

* "Un fou, ce n'est que les idées ordinaires d'un homme mais bien enfermées dans une tête."

* "Et ce n'est plus, autour d'eux, qu'une ragouillasse dégueulasse de débris organiques, une marmelade de symptômes de délires en compote."


 
Point Challenge ABC
Ainsi s'achève mon challenge ABC, dans les délais ! J'ai fait d'excellentes découvertes : La vie devant soi de Romain Gary, Si c'est un homme de Primo Levi, Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley, La disparition de Georges Perec pour ne citer que ceux qui m'ont le plus marquée. Je ne pense pas recommencer de nouveau ce challenge, je n'aime pas vraiment lire par contrainte. Et puis pour l'instant il me reste le Challenge Livraddict à terminer. Qui sait peut-être que je retenterai l'année prochaine ?

Publié dans : Anticipation

le 21/5/10

http://milkymoon.cowblog.fr/images/idealcit-copie-2.jpgLa Cité idéale, attribué à Francesco di Gorgio Martini, cité utopique aux proportions idéales.


Il y a peu de temps, après avoir lu Le meilleur des mondes, je me suis prise d'une soudaine passion pour le roman d'anticipation. Je me suis souvenue d'un livre que j'avais lu il y a 3 ou 4 ans, dont l'histoire était à peu près semblable : Globalia de Jean-Christophe Rufin.

J'avais prévu de vous faire un petit topo ennuyeux sur le roman d'anticipation, j'ai donc fait quelques recherches à ce sujet et je me suis rendue compte que ce terme en sous-entendait plein d'autres. Quelle est la différence par exemple entre le roman d'anticipation et le roman de science-fiction ? Et avec la dystopie ? Oui là je sens que j'attise votre curiosité. Je vais donc essayer de vous expliquer tout ça au mieux d'après ce que j'en ai moi-même tiré.

Roman d'anticipation, utopie et dystopie
Un roman d'anticipation est une oeuvre dont l'action se déroule dans un futur proche ou hypothétique. L'utopie et la dystopie sont donc des sous-genres du roman d'anticipation. N'importe qui ayant quelques rudiments de latin ou de grec est capable de comprendre la différence entre utopie et dystopie. La dystopie, ou "contre-utopie", s'oppose à l'utopie : au lieu de présenter un monde parfait, la dystopie propose le pire qui soit. C'est un récit fictif présentant une société imaginaire, organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur, et contre l'avènement de laquelle l'auteur souhaite nous mettre en garde.

Roman d'anticipation et roman de science-fiction
La contre-utopie peut être considérée comme un sous-genre de la science-fiction. Cependant il existe une différence majeure entre ces deux genres. La science-fiction est axée autour de la science : elle imagine des découvertes scientifiques ou technologiques, s'interroge sur leurs conséquences, etc. En revanche, la dystopie tout comme l'utopie tournent autour des conséquences possibles des changements d'ordre politique. Dans une contre-utopie, l'évolution technologique n'est donc pas un élément majeur. Elle vise avant tout à présenter les conséquences néfastes d'une idéologie.

Et puisque des exemples valent toujours mieux que de grands discours, je vous ai concocté quelques pistes de lecture autour du roman d'anticipation :

De l'utopie du nouveau monde...
¤ La découverte d'un nouveau monde
Voyage au centre de la Terre, Jules Verne
De la Terre à la Lune, Jules Verne
¤ Des sociétés utopiques
"Chapitre XVIII L'Eldorado" Candide, Voltaire
L'île des gauchers, Alexandre Jardin
¤ Premières satires de cette utopie
Gargantua, François Rabelais
L'Autre monde ou les états empiriques de la Lune, Cyrano de Bergerac >>LE LIRE<<

... A sa remise en question

¤ Des sociétés sous contrôle
1984, George Orwell
Globalia, Jean-Christophe Rufin
¤ Des sociétés deshumanisées
Le meilleur des mondes, Aldous Huxley
Fahrenheit 451, Ray Bradbury
¤ La dépendance au progrès technique
Ravage, René Barjavel
Un bonheur insoutenable, Ira Levin

Quand l'utopie se mêle à l'autobiographie
W ou le souvenir d'enfance, Georges Perec

Publié dans : Elucubrations

le 9/5/10

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/1IHeardItThroughTheGrapevine.jpghttp://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/2albummagicof.jpghttp://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/3LeVentNousPortera.jpgComme promis, la musique...
1. que j'écoute :  I Heard it through the Grapevine - Marvin Gaye
2. qui me rend joyeuse : Sunny - Boney M
3. qui me rappelle un ex-copain : Le Vent Nous Portera - Noir Désir

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/4AEROSMITHDEVILSGOTANEWDISGUISE.jpghttp://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/5storyimpossible.jpghttp://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/6bon.png

4. qui me rappelle un ami perdu : Dream On - Aerosmith
5. qui me fait pleurer : The Story of the Impossible - Peter Von Poehl
6. qui me fait réfléchir sur le monde : Stairway to Heaven - Led Zeppelin

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/7songsinthekeyoflifesteviewonder.jpghttp://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/8eltonjohndebut.jpghttp://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/9boogi.jpg

7. qui en dit beaucoup sur moi, ou pas : Pastime Paradise - Stevie Wonder
8. que j'aurais aimé écrire :  Your Song - Elton John
9. qui fait que mes amis pensent à moi :  I love to boogie - T. Rex

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/10NinoFerrerSuiteenOeuf.jpghttp://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/11witherbillmenagerie101b.jpghttp://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/12donny.jpg
10. qui me rappelle mon enfance : Le Sud - Nino Ferrer
11. avec laquelle j'aime me réveiller : Just the Two of Us - Bill Withers
12. avec laquelle j'aime m'endormir : A Song for You -Donny Hathaway

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13. que j'adorerais entendre en live : She's my Man - Scissor Sisters
14. qui me fait penser à ma solitude : Mad World - Gary Jules
15. qui n'est pas mon style mais que j'aime : Smile - Hocus Pocus

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/16RobDouganFuriousAngels.jpghttp://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/17coverilvitentoi.jpghttp://milkymoon.cowblog.fr/images/Divers/18ringa.jpg
16. avec laquelle j'aime travailler : Furious Angels - Rob Dougan
17. que j'écoute dans la voiture : la comédie musicale du Roi Lion
18. que j'écoute en boucle sans me lasser : Ringa Ringa - A R Rahman

Publié dans : Biographie/Témoignage

le 5/11/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/sicestunhomme.gif Si c'est un homme
(Se questo è un uomo)
Primo Levi
1947

Challenge ABC : 7/26

Quatrième de couverture
"On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une une sincérité égale au sentiment de honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce.
C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous rentenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité." Angelo Rinaldi

Avis
Quand je l'ai fini hier soir, impossible de m'endormir. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à ce livre. La fin m'a secouée. Je ne saurai dire ce que je ressentais exactement. Ca me serrait la gorge, je ne pouvais plus parler. Ca m'obsédait. Et je me disais "si j'arrête d'y penser, si j'essaye de ne plus y penser, ce serrait souiller tous ces hommes".

Que peut-on dire de l'horreur décrite, de ce qu'il a vécu ? Les SS les avaient réduits à du bétail, mais ils luttaient encore contre la mort. Et puis tout ce cadre glauque à la fin, de froid, de maladie, de saleté, d'insécurité, d'incertitude quant à l'arrivée du front, ou bien celle de la mort. Jusqu'au dernier moment les nazis et leurs listes. "Ne pas chercher à comprendre". Comment survivre dans un univers aux règles absurdes, illogiques et contradictoires ? "Ne pas chercher à comprendre"... Tout le long du livre, on vit dans l'horreur "routinière" de Primo Levi, on s'y habitue presque. La fin casse ce rythme, il essaye tant bien que mal de survivre dans le froid et la maladie... j'sais pas... y'a pas de mot.

En résumé : Un récit qui m'a bouleversée, surtout à la fin. Pour comprendre l'horreur des camps de concentration, c'est un devoir de lire ce témoignage.


Extraits
* "Malheur à celui qui rêve : le réveil est la pire des souffrances."

* "J'ai l'impression de dormir sur une voix de chemin de fer."

* "Cet interminable enchevêtrement de fer, de ciment, de boue et de fumée est la négation même de la beauté."

* "Mais Lorenzo était un homme : son humanité était pure et intacte, il n'appartenait pas à ce monde de négation. C'est à Lorenzo que je dois de n'avoir pas oublié que moi aussi j'étais un homme."

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