Exercices de style
Raymond Queneau
1947
Raymond Queneau
1947
Challenge ABC : 22/26
Quatrième de couverture
Le narrateur rencontre, dans un autobus, un jeune homme au long cou, coiffé d'un chapeau orné d'une tresse au lieu d'un ruban. Le jeune homme échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s'asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur rencontre le même jeune homme en grande conversation avec un ami qui lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus.
Cette brève histoire est racontée quatre-vingt-dix-neuf fois, de quatre-vingt-dix-neuf manières différentes. Mise en images, portée sur la scène des cabarets, elle a connu une fortune extraordinaire.
Avis
Vous savez combien j'aime Queneau, qui est pour moi un des dieux (avec Perec) de la littérature française moderne. Ici, 99 fois la même histoire. Et non, on ne s'en lasse même pas. En soi pas très intéressante, Queneau arrive à nous la faire redécouvrir de 99 façons différentes. Comment ? En passant par différents personnages (le narrateur, le jeune homme, son voisin, un autre observateur...), différents sens (ouïe, vue, toucher, odorat, goût), différents accents (campagnard, anglais, italien...), différents poèmes (ode, sonnet...), différentes figures de style (litote, apocope...), différents temps (passé simple, imparfait, présent...), différents champs lexicaux (mathématique, biologiste, gastronomique...) et bien d'autres encore.
Mes préférées ? J'ai souri quand j'ai lu Géométrique et Anglicismes.
Ce texte est un des précurseurs du mouvement Oulipo, dont je vous avais parlé ici. Il est très facilement transposable au théâtre. Je me souviens qu'on en avait joué certains textes, ça donne un résultat assez sympa !
En résumé : J'ai ressenti le plaisir qu'avait Queneau de jouer avec la langue, un vrai régal, comme toujours.
Extrait
"Il finit par s'avérer être celui d'un cyclothymique paranoïaque légèrement hypotendu dans un état d'irritabilité hypergastrique."
100ème exercice de style :
Cette brève histoire est racontée quatre-vingt-dix-neuf fois, de quatre-vingt-dix-neuf manières différentes. Mise en images, portée sur la scène des cabarets, elle a connu une fortune extraordinaire.
Avis
Vous savez combien j'aime Queneau, qui est pour moi un des dieux (avec Perec) de la littérature française moderne. Ici, 99 fois la même histoire. Et non, on ne s'en lasse même pas. En soi pas très intéressante, Queneau arrive à nous la faire redécouvrir de 99 façons différentes. Comment ? En passant par différents personnages (le narrateur, le jeune homme, son voisin, un autre observateur...), différents sens (ouïe, vue, toucher, odorat, goût), différents accents (campagnard, anglais, italien...), différents poèmes (ode, sonnet...), différentes figures de style (litote, apocope...), différents temps (passé simple, imparfait, présent...), différents champs lexicaux (mathématique, biologiste, gastronomique...) et bien d'autres encore.
Mes préférées ? J'ai souri quand j'ai lu Géométrique et Anglicismes.
Ce texte est un des précurseurs du mouvement Oulipo, dont je vous avais parlé ici. Il est très facilement transposable au théâtre. Je me souviens qu'on en avait joué certains textes, ça donne un résultat assez sympa !
En résumé : J'ai ressenti le plaisir qu'avait Queneau de jouer avec la langue, un vrai régal, comme toujours.
Extrait
"Il finit par s'avérer être celui d'un cyclothymique paranoïaque légèrement hypotendu dans un état d'irritabilité hypergastrique."
100ème exercice de style :
Prosopopée
Je t'ai vu, toi le seul chapeau légèrement surélevé parmi cette foule de couvre-chefs, dans la plateforme arrière de l'autobus S. Tu ne semblais pas ravi de ton voisin, un béret en plus, qui allait et venait en te bousculant à chaque arrêt. Puis tu as disparu précipitamment dans la mer de chapeaux.
Ô chapeau. Pourquoi t'être orné de cette si ridicule façon, avec une tresse au lieu d'un ruban ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Enfin, je t'ai retrouvé deux heures plus tard devant la gare Saint-Lazare. Tu te déplaçais en compagnie d'un melon. Votre attention était tournée vers le bas. Pourquoi ne me regardes-tu pas moi ?