"Tout mentait ! Chaque sourire cachait un bâillement d'ennui, chaque joie sa malédiction, tout plaisir son dégoût." Madame Bauvary - Flaubert

Publié dans : Romans XXI°

le 9/1/11

http://milkymoon.cowblog.fr/images/nouslesdieux.jpgNous les dieux
Bernard Werber
2004

Quatrième de couverture
Et vous, que feriez-vous à la place de Dieu ?

Avis
Eh oui eh oui je continue sur ma lancée Werber avec le troisième tome des aventures de Michael Pinson, Raoul Razorback et toute la clique. Après avoir exploré le continent des morts et découvert l'Empire des anges, les voilà passés au stade de conscience 7 : des dieux. Ou plutôt des élèves-dieux. Ils apprennent auprès des Maîtres Dieux (les divinités de l'Olympe) à créer un monde, une faune et une flore, et gérer leur "troupeau" d'humains. C'est le jeu d'Y : force Attractive (proton), force Destructrice (électron), force Neutre (neutron). A la fin de chaque partie, les plus mauvais élèves-dieux sont éliminés, et à la fin il ne restera qu'un seul gagnant.

Dans ce tome le récit alterne encore une fois avec des extraits de l'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu d'Edmond Wells, je trouve ces passages vraiment intéressants et remplis d'anecdotes. Ce que j'ai trouvé plus lourd, c'était le récit détaillé de chaque partie d'Y, comment chaaaque peuple évoluait. Après c'est amusant de remarquer que les peuples guidés par les élèves-dieux correspondent à des civilisations ayant réellement existé -ou pas- (mayas, égyptiens, mongols, atlantes, amazones...). Alors leur rôle est-il de réécrire l'histoire  de l'humanité sur Terre ?

Pas mal de questions restent en suspense quand on termine ce troisième tome : quelle est cette île mystérieuse ? qui se cache au somment de la montagne ? qui est le déicide ? qui sera le gagnant de la partie et que cela va-t-il impliquer ? et la relation avec Aphrodite ?

Si j'avais des reproches à faire à ce livre, ce serait d'une part comment est traité ce statut de dieu. Les élèves-dieux ont atteint un niveau de conscience 7, ils devraient être des super sages et pas des gamins de cours de récréation. De même pour les divinités de l'Olympe, ils sont totalement caricaturés. Alors dans le résumé quand on nous met en haleine avec la question "Et vous, que feriez-vous à la place de Dieu ?", je ne m'attendais pas à ça, plutôt à un truc plus philosophique. Mais bon, ptet' aussi qu'avec 5 ou 6 années en moins ça ne m'aurait pas gêné.
Et une petite erreur qui m'a fait sourire, parce que j'm'y connais un peu en mythologie quoi B-), Werber a confondu Cronos, père de Zeus, et Chronos, dieu du Temps.

Un paramètre très important à prendre en compte par rapport à mon opinion sur toute cette série de livres, c'est que je connais déjà le fin mot de l'histoire, le dénouement final, LA réponse à toute l'intrigue. On me l'avait raconté bien avant que je commence les livres. C'est un peu décevant de connaître la fin, surtout que je la trouve génialissime : j'aurais rêvé la découvrir au final pour terminer en beauté cette saga.

En résumé : Une bonne suite, mais je m'attendais à ce que le sujet sur le rôle de(s) dieu(x) soit traité différemment.


Extrait
"-Je n'ai pas parlé de religion, mais de spiritualité.
-Pour moi c'est pareil.
-Eh bien pour moi c'est l'exact contraire. La religion c'est le prêt-à-penser imposé à tout le monde, la spiritualité c'est une perception élevée de ce qui peut être "au-dessus de soi". Et pour chacun elle est différente."


Publié dans :

le 11/12/10

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Detail-copie-1.png

Quelques liens qui prennent la poussière à force de rester ouverts dans mes onglets, alors je les mets ici :


Le Grand Palindrome, de George Perec, celui que j'admire. Il est fou, il est incroyable, ça ne veut absolument rien dire, mais quel génie !

Poème de l'angle droit, du Corbusier. C'est à propos d'architecture, ça n'a rien de littéraire, j'avais simplement envie de retrouver ce lien facilement.


... A suivre.


Publié dans : Romans XX°

le 5/12/10

http://milkymoon.cowblog.fr/images/ZWEIG2.jpgLa confusion des sentiments
(Verwirrung der Gefühle)
Stefan Zweig
1927

Quatrième de couverture
Au soir de sa vie, un vieux professeur se souvient de l'aventure qui, plus que les honneurs et la réussite de sa carrière, a marqué sa vie. A dix-neuf ans, il a été fasciné par la personnalité d'un de ses professeurs ; l'admiration et la recherche inconsciente d'un Père font alors naître en lui un sentiment mêlé d'idolâtrie, de soumission et d'un amour presque morbide.
Freud a salué la finesse et la vérité avec laquelle l'auteur d'Amok et du Joueur d'Echecs restituait le trouble d'une passion et le malaise qu'elle engendre chez celui qui en est l'objet. Paru en 1927, ce récit bref et profond connut un succès fulgurant, en raison de la nouveauté audacieuse du sujet. Il demeure assurément l'un des chefs-d'œuvres du grand écrivain autrichien.

Avis
Tout est à peu près dit dans la quatrième de couverture. J'ai retrouvé cette écriture si spécifique à Zweig, où les sentiments sont décrits avec une justesse déconcertante, et toujours cette sensibilité à fleur de peau qui caractérise ses personnages, avec le refoulement des émotions, le contrôle permanent (je pense à Lettre d'une inconnue notamment). Outre l'intensité des sentiments, le thème de cette nouvelle qui à l'époque apparaît plus qu'original. On se demande tout le long de l'histoire quel secret se cache derrière ce professeur si énigmatique, quel secret explique son comportement tantôt chaleureux et affectif, tantôt froid et repoussant (parce que nous aussi lecteur, on devient fasciné par le professeur). Et au final quand la vérité est révélée, on ressent plus que profondément le trouble du narrateur, la "confusion des sentiments" à son paroxysme, puisque c'est bien de ça qu'il s'agit. C'est choquant, cela va à l'encontre de tous les codes, il fallait l'oser.

En revanche ce à quoi j'ai moins adhéré, c'est que le récit du narrateur est rétrospectif et son histoire est censée justifier l'homme qu'il est devenu aujourd'hui. Je m'attendais à quelque chose de plus long, enfin, je n'ai pas vraiment vu le rapport entre ces deux "temps", ou plutôt, ce n'était pas forcément justifié de faire un deuxième temps de récit , parce qu'on n'y revient que très brièvement à la fin. Alors soit, cet épisode a marqué sa vie plus que toute autre chose, mais ça ne se ressent pas lorsqu'il est plus vieux.

En résumé : A chaque fois que je referme un livre de Zweig, j'ai l'impression de quitter une tempête d'émotions ; encore du très, très bon.


Extraits

* "Tout y est vrai, il n'y a que l'essentiel qui y fasse défaut. Il me décrit, mais sans parvenir jusqu'à mon être. Il parle de moi sans révéler ce que je suis."

* "bourreau auquel, malgré tout, j'étais attaché avec amour, que je haïssais en l'aimant et que j'aimais en le haïssant"

* "un voile épais et sombre était interposé entre moi et l'univers"

* "Aucune souffrance n'est plus sacrée que celle qui par pudeur n'ose se manifester."

Publié dans : Poésie

le 4/12/10

http://milkymoon.cowblog.fr/images/FrancoisVillon.jpgPoèmes
François Villon
XVe


Challenge 1000 ans de littérature française : LC 2
Thème : François Villon et Clément Marot, deux poètes du XVe s.


Un billet un peu particulier pour cette deuxième lecture commune, puisque je n'ai pas lu une oeuvre particulière mais plusieurs poèmes de François Villon. Et pour un homme dont je n'avais jamais entendu parler, il y a de quoi dire ! Bookine (l'organisatrice du challenge, mais ça, tout le monde le sait ;)) nous en parle dans son billet de présentation (cf. lien au dessus), et je vais moi-même faire un petit état des lieux pour comprendre l'oeuvre de Villon.

I. Vie
Une vie très tumultueuse pour ce cher François Villon, ou plutôt François de Montcorbier, puisqu'il aurait emprunté le nom de "Villon" à son tuteur pour signer ses oeuvres. Il nait à Paris en 1431. Il serait impliqué dans toute une série de délits, allant de vols jusqu'à l'assassinat d'un clerc,(était-ce sous l'influence de la bande des "Coquillards" ?), ce qui lui valu plusieurs fois la prison et même l'exil. A l'heure actuelle, on ne sait pas comment s'est achevée sa vie, puisqu'il n'existe plus aucune trace de lui à partir de 1463. Cette disparition énigmatique a contribué à la légende de François Villon. Oui les amis, cet homme est une LEGENDE.

II. Oeuvre
Et je vais vous dire pourquoi. Parce que Villon a souvent mis sa propre vie en scène dans son oeuvre, en enjolivant ou noircissant certains détails. Si son oeuvre reprend les thèmes médiévaux courants, Villon se différencie des autres poètes de son temps du fait que ceux-ci n'ont pas connu un tel parcours chaotique, mais ont au contraire bénéficié de l'appui de grands seigneurs. L'oeuvre majeure de Villon est Le Testament, écrite en 1461, dans laquelle transparait sa sensibilié.  Il est considéré comme le premier "poète maudit", c'est à dire "un poète qui, incompris dès sa jeunesse, rejette les valeurs de la société, se conduit de manière provocante, dangereuse, asociale ou autodestructrice (en particulier avec la consommation d'alcool et de drogues), rédige des textes d'une lecture difficile et, en général, meurt avant que son génie ne soit reconnu à sa juste valeur" (ref.).

III. Influence
Villon a été une source d'inspiration pour de nombreux artistes, à commencer par Clément Marot, puis Rabelais. On fait un saut dans le temps et on retrouve Léo Ferré, et Georges Brassens qui ont mis respectivement la Ballade des pendus et la Ballade des dames du temps jadis en musique. Jean Teulé est l'auteur du livre "Je, François Villon", en j'en passe.

http://milkymoon.cowblog.fr/images/villon.jpg

Ce que j'ai lu

♠ Le Lais (ou Petit Testament), 1457
Villon se met en scène dans ce poème, où il énumère toutes sortes de dons loufoques destinés à ses ennemis ("Je laisse à mon barbier/Les rongnures de mes cheveux"). Dans ce poème il prend congé pour s'en aller, ce qui fait écho à un épisode de sa vie (un cambriolage). C'est écrit dans un français du XVe siècle, il n'y a pas encore de règles de grammaires fixes, donc parfois ça donne des choses assez étranges ; avec des y et de z partout. A part ça, c'est assez répétitif et on ne comprend pas toujours toutes les allusions, mais ça reste sympa.

♠ Ballade des dames du temps jadis, 1461
Cette ballade fait partie du Testament. On y trouve une énumération de femmes mythologiques ou historiques ; le narrateur se demande où elles sont  (répétition de "Où sont les fleurs d'antan ?"), puis s'adresse à un prince qui voudrait les chercher qu'elles ne sont plus (la chute du poème). Un joli rythme pour cette ballade j'ai trouvé.

♠ Ballades des pendus, 1463
Ici ce sont des morts qui s'adressent aux vivants ("Frères humains qui après nous vivez"). On a une description très sympathique des corps desdits pendus en train de pourrir et d'être dévorés par les oiseaux. Ils en appellent à la charité chrétienne des vivants, avec la répétition à la fin de chaque strophe de "Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!". Bien aimé cette ballade, le thème, ainsi que l'idée de faire parler des morts ; c'est à dire une barrière temporelle qui disparaît.

En résumé : J'ai découvert une figure majeure de la littérature, qui a exercé une grande influence auprès des artistes, de son temps comme du notre.


Extraits du Lais
* "Au fort, je suys amant martir,
    Du nombre des amoureux sains."


* "Item, je laisse a mon barbier
    Les rongnures de mes cheveux"


Publié dans : Romans XXI°

le 25/11/10

http://milkymoon.cowblog.fr/images/empiredesanges.jpgL'Empire des anges
Bernard Werber
2000

Challenge Livraddict 2010 : 7/7

Quatrième de couverture
Que pensent les anges de nous ? Que peuvent-ils faire pour nous aider ? Lorsque Michael Pinson (stupidement tué dans un accident d'avion) a passé avec succès l'épreuve de la "pesée des âmes", il a accédé au royaume des anges. Le voilà chargé de trois mortels, qu'il devrait désormais guider et aider tout au long de leur vie. Ses moyens d'action : les rêves, les signes, les médiums, les intuitions, les chats. Que faire pour leur montrer la voie du bonheur ? Et puis comment s'occuper intelligemment au Paradis, un endroit bien sympathique mais sans cinéma, sans musique, sans restaurant ?
Après Les Thanatonautes, Bernard Werber nous donne une fois de plus à réfléchir sur notre statut d'être humain, en mélangeant sagesse ancienne, philosophie moderne et humour.

Avis

Comment ai-je fait pour passer à côté du génie de Bernard Werber pendant mon enfance ? Ses livres sont simplement incroyables, j'en ressors encore une fois épatée.

Souvenez vous, dans Les Thanatonautes, le héros Michael Pinson tentait de découvrir ce qu'il y avait après la mort. Dans ce deuxième volume du Cycle des Anges, il est devenu un 6 : c'est à dire un ange, et cherche ce qu'il y a encore après. 1 correspond au minéral, 2 au végétal, 3 à l'animal, 4 à l'homme, 5 au sage, et 6 à l'ange... et 7 ? Michael, toujours accompagné de Raoul, est persuadé qu'au dessus des anges existent des êtres encore supérieurs, des dieux... Des marionnettistes de marionnettistes.

Dans cette histoire, Werber mêle à la narration des extraits de l'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, que le personnage Edmond Wells rédige. Ce livre est une petite mine d'or, ou fourre-tout du savoir, avec des réflexions souvent très intéressantes. Il faudrait que je lise le livre entier, il faudrait d'ailleurs que je continue sur ma lancée des oeuvres de Werber ! Prochaine étape, le Cycle des Dieux naturellement.

En parallèle du boulot d'ange de Michael, on suit les vies de ses trois "clients" (les personnes dont il est l'ange gardien). Moyennement captivée par ces petites histoires, ce qui est intéressant, c'est surtout de voir comment au final toutes ces "âmes" sont reliées entre elles. Chez le personnage de Jacques, peut-être un soupçon d'autobiographie aussi non ?

En tout cas, j'aime l'univers inventé par Bernard Werber et qu'il alimente de faits réels (par exemple la symbolique des chiffres, la possibilité de plusieurs univers, de plusieurs couches temporelles, de vie ailleurs, le chat de Schrödinger, etc,). Ce livre soulève une quantité de questions, sur la relativité, sur l'existence de l'homme, sa place dans le monde.

En résumé : Epatant. Hâte hâte de lire la suite. Qui, après avoir lu ce livre, n'a pas eu la conviction qu'un ange gardien veillait sur lui ?


Point Challenge
Ainsi s'achève mon challenge Livraddict 2010. Globalement, ça n'a été que de bonnes découvertes, avec un penchant pour les deux Bernard Werber, vous l'aurez compris.

Extraits
* "Allons jusqu'au bout de nos erreurs sinon nous ne saurons jamais pourquoi il ne fallait pas les commettre."

* "Dans la vie, il y a trois facteurs, le talent, la chance, le travail."

* "De nos jours, ce qui importe n'est pas d'avoir raison mais d'avoir un bon avocat."

* "Et quand on les extirpe au forceps, c'est pire, ils ressemblent à des gaufres."

* "Pour comprendre un système, il faut s'en extraire."

* "Au Moyen-Âge, les moines copistes étaient payés au nombre de caractères par manuscrits retranscrits. Ils se sont donc entendus entre eux pour doubler les consonnes. C'est la raison pour laquelle "difficile" prend deux "f" et "développer" deux "p"."

* "Les récentes découvertes en astronomie montrent que notre univers issu du big-bang et qu'on a toujours perçu comme un univers en expansion permanente pourrait lui aussi se concentrer jusqu'à un big-crunch, sorte de concentration maximale de la matière, débouchant peut-être à  nouveau sur... un deuxième big-bang. Même l'univers dans ce cas "respirerait"."

* "Quand un génie véritable apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui". Jonathan Swift

* "La réalité, c'est ce qui continue d'exister lorsqu'on cesse d'y croire". Philip K. Dick

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