"Avec un peu d'imagination et de style, rien de plus aisé que de filer un roman." Jacques le Fataliste - Diderot

Publié dans : Romans XVIII°

le 16/9/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/diderot.gif Jacques le fataliste
Denis Diderot
1780
 
Quatrième de couverture
"Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où aillaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? Et que disaient-ils ? Le maître ne disait rien, et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut."
D'entrée de jeu, c'est sous le signe de l'incertitude et de l'ironie que Diderot place le roman qu'il publie de 1778 à 1780. Jacques et son maître devisent en voyageant, mais bientôt le récit des amours de Jacques s'interrompt, ouvre à d'autres histoire et à d'autres rencontres dans ce livre admirablement virtuose où la parole circule de narrateur en narrateur. La parole, mais aussi bien la réflexion sur notre liberté et sur le fatalisme qui fit de Jacques un manuel de gai savoir en même temps que ce roman toujours neuf dont l'esthétique de la rupture, de la provocation et du rebond fonde encore la modernité.

Avis
On passe de l'histoire des amours de Jacques à celle de l'hôtesse, on revient sur le récit du maître, ... incessamment. Il y a en quelque sorte 3 degrés dans ce roman : le premier étant le narrateur, tirant sur les ficelles de ses marionnettes. Au 2ème degré, on suit les aventures de Jacques et son maître, au 3ème on a des récits  enchâssés dans le récit principal.  Diderot jongle entre ces 3 niveaux, j'ai trouvé ça excellent.

En résumé : J'ai trouvé ce livre excellent, intelligent, audacieux, original, et remarquablement bien construit.


Extraits
* "Pourrais-tu me dire ce que c'est qu'un fou, ce que c'est qu'un sage ?"

* "Ah! Si je savais dire comme je sais penser ! Mais il était écrit là-haut que j'aurais les choses dans me tête et que les mots ne me viendraient pas."

* "Chacun apprécie l'injure et le bienfait à sa manière, et peut-être n'en portons-nous pas le même jugement dans deux instants de notre vie."

* "Telle est la différence de deux hommes braves par caractère, mais dont l'un est sage, et l'autre a un grain de folie."

* "Tout ce qui reluit n'est pas d'or."

* "Plus de ces morceaux d'une éloquence sublime, plus de ces productions marquées au coin de l'ivresse et du génie : tout est raisonné, compassé, académique et plat."

* "Avec un peu d'imagination et de style, rien de plus aisé que de filer un roman."

* "A force de vouloir montrer de l'esprit, vous n'êtes qu'une bête."

* "- Et pourquoi haïssez-vous les portraits ?
- C'est qu'ils ressemblent si peu, que si par hasard on vient à rencontrer les originaux, on ne les reconnait pas."

* "On passe les trois quarts de sa vie à vouloir sans faire."

* "Ils songent à eux, et tout dans la nature songe à soi et ne songe qu'à soi. Que cela fasse du mal aux autres, qu'importe, pourvu qu'on s'en trouve bien ?"

Publié dans : Romans XX°

le 12/9/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/zazie.jpgZazie dans le Métro
Raymond Queneau
1959

Résumé
Zazie débarque à Paris pour la première fois chez Tonton Gabriel. Le Panthéon, Les Invalides et le tombeau du véritable Napoléon, elle n'en à que faire ! Mais kess-qui l'intéresse alors, Zazie ? Le métro ! Et quand elle apprend que les employés sont en grève, elle leur envoie une volée d'injures. Ne contrariez pas Zazie !

Avis
J'aime bien le titre ; complètement ironique. En effet Zazie ne mettra jamais les pieds dans notre bien aimé métro parisien. Jamais vu un style d'écriture comparable à celui de Queneau, et c'est ce qui m'a énormément plut dans le livre. Zazie agaçe, Queneau s'éclate.

En résumé : Un style excellent.


Extraits
* "- Pourquoi que spécialement tu nous as dit de venir ce soir? demanda Turandot.
- Vous qui, continua Gridoux, jetiez le voile pudique de l'ostracisme sur la circonscription de vos activités.
- Et qui, ajouta Madeleine, n'avez jamais voulu que nous vous admirassions dans l'exercice de votre art.
- Oui, dit Laverdure, nous ne comprenons pas le hic de ce nunc, ni le quid de ce quod."
(Laverdure est un perroquet)

* "Il faut bien vivre, n'est-ce pas? Et de quoi vit-on? je vous le demande. De l'air du temps bien sûr - du moins en partie, dirai-je, et l'on en meurt aussi -, mais plus capitalement de cette substantifique moelle qu'est le fric."

* "- Ca faut avouer, dit Trouscaillon qui, dans cette simple ellipse, utilisait hyperboliquement le cercle vicieux de la parabole."

* "Un rien l'amène, un rien l'anime, un rien la mine, un rien l'emmène."
(à propos de la vie)

Publié dans : Romans XX°

le 11/9/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/ecume.jpg L'écume des jours
Boris Vian
1947


Quatrième de couverture

Un titre léger et lumineux qui annonce une histoire d'amour drôle ou grinçante, tendre ou grave, fascinante et inoubliable, composée par un écrivain de vingt-six ans. C'est un conte de l'époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique, féérique et déchirant. Dans cette oeuvre d'une modernité insolente, livre culte depuis plus de cinquante ans, Duke Ellington croise le dessin animé, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme d'un nénuphar, le cauchemar va jusqu'au bout du désespoir. Mais seules deux choses demeurent éternelles et triomphantes : le bonheur ineffable de l'amour absolu et la musique des Noirs américains...

Avis
Où l'on se réunit autour du pianocktail, où l'on vénère Jean-Sol Partre, où la mort prend des apparences de nénuphar... J'ai été surprise par tant de poésie et de noirceur. En lisant ce livre, je me sentais vraiment bien, paisible, j'entendais des notes de jazz, je voyais la pièce éclairée par un rayon de soleil. Dans la première partie de l'histoire, c'est surtout ce côté qui est mis en valeur. Dans la seconde partie, c'est le déclin de tous les personnages. L'atmosphère n'est plus du tout la même, je ne m'attendais pas du tout à ce genre de dénouement. Mais j'ai adoré.

En résumé : J'ai découvert un superbe univers, envoutant, noir, et d'une poésie..


Extraits
* "Dans la vie, l'essentiel est de porter sur tout des jugements a priori. Il apparaît en effet que les masses ont tord, et les individus toujours raison."

* "Sa réalisation matérielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la réalité, en atmosphère biaise et chauffée, sur un plan de référence irrégulièrement ondulé et présentant de la distorsion".

* "plus développée dans le sens perpendiculaire" (à propos d'une femme)

* "Production d'interférences par 2 sources animées d'un mouvement oscillatoire rigoureusement synchrone." (à propos de la danse)

* "Ce qui m'intéresse, ce n'est pas le bonheur de tous les hommes, c'est celui de chacun."

* "Leurs coeurs battaient tous deux, sur un rythme de boogie."

* "Ce dernier parfumait sa barbiche avec une brosse à dents trempée dans de l'extrait d'opoponax."

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