"La vie n'est qu'un délire tout bouffi de mensonges." Voyage au bout de la nuit - Céline

Publié dans : Romans XX°

le 17/9/09

  http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/etrangercamus1261103393.jpg L'étranger
Albert Camus
1942

 
Quatrième de couverture
Quand la sonnerie a encore retenti, que la porte du box s'est ouverte, c'est le silence de la salle qui est monté en moi, le silence, et cette singulière sensation que j'ai eue lorsque j'ai constaté que le jeune journaliste avait détourné les yeux. Je n'ai pas regardé du côté de Marie. Je n'en ai pas eu le temps parce que le président m'a dit dans une forme bizarre que j'aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français...

Avis
“Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort.” disait Camus à propos de L'étranger. Cette phrase à elle seule pourrait résumer le livre. On voit bien l'absurdité de la chose, et c'est ce que tout le livre nous montrera.

Inspiration
Je crois que le mieux pour parler de ce livre est de commencer par sa source d'inspiration. On m'a raconté que Camus avait écrit L'étranger à partir d'un poème de Baudelaire du même nom, le voici :

"- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? Ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh! Qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !"

♠ Le récit en deux parties
L'histoire se divise en deux parties. La première est marquée par la mort de la mère de Meursault, qui ne semble pas particulièrement affecté. Tout le long de la première partie, c'est un détachement du personnage, un détachement dans ses émotions. Le terme d' "étranger" est tellement justifié : étranger à la société, étranger à sa propre famille, étranger à ses émotions ; en somme étranger à lui-même. En ce sens, on peut sans problème le qualifier d'anti-héros. La lecture de cette partie n'accroche pas vraiment, il ne se passe presque rien (et c'est voulu), jusqu'à ce qu'on arrive à un moment de rupture.

Meursault tue un homme et se fait emprisonner. Durant toute la deuxième partie on le suivra dans sa cellule de prison et jusqu'au dénouement de son procès. Paradoxalement, j'ai trouvé que lorsqu'il était enfermé, il libérait totalement ses pensées, contrairement à la première partie où il est encore libre. Les deux parties du livre se contrastent et s'opposent. J'ai préféré la deuxième partie justement pour le fait qu'on ait plus accès aux sentiments de Meursault, qui m'a semblé plus humain à ce moment là, et moins étranger. En plus vous connaissez mon faible pour les récits de prisonniers..

♠ Le procès
Le procès de Meursault ne sera qu'une grosse blague, et je dis ça parce que sa condamnation ne repose que sur l'argument qu'il n'a pas pleuré à l'enterrement de sa mère ; donc par raisonnement très logique, cet homme est un monstre insensible qui tue les gens sans le moindre remord. Nous lecteur, on connait les circonstances de son acte, et on ne peut pas voir ce procès autrement que comme une énorme injustice, et ç'en est risible vu les preuves pathétiques de sa culpabilité (le fait qu'il n'ait pas pleuré à l'enterrement de sa mère des mois auparavant).
 
En résumé : Le récit d'un homme étranger à la société et à lui-même, victime de l'absurdité de son époque. Beaucoup aimé, surtout la fin. Du grand art je l'admets.


Extraits
* "J'ai compris alors qu'un homme qui n'aurait vécu qu'un seul jour pourrait sans peine vivre cent ans dans une prison. Il aurait assez de souvenirs pour ne pas s'ennuyer."

* "Voilà l'image de ce procès. Tout est vrai et rien n'est vrai !"

Publié dans : Romans XX°

le 12/9/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/zazie.jpgZazie dans le Métro
Raymond Queneau
1959

Résumé
Zazie débarque à Paris pour la première fois chez Tonton Gabriel. Le Panthéon, Les Invalides et le tombeau du véritable Napoléon, elle n'en à que faire ! Mais kess-qui l'intéresse alors, Zazie ? Le métro ! Et quand elle apprend que les employés sont en grève, elle leur envoie une volée d'injures. Ne contrariez pas Zazie !

Avis
J'aime bien le titre ; complètement ironique. En effet Zazie ne mettra jamais les pieds dans notre bien aimé métro parisien. Jamais vu un style d'écriture comparable à celui de Queneau, et c'est ce qui m'a énormément plut dans le livre. Zazie agaçe, Queneau s'éclate.

En résumé : Un style excellent.


Extraits
* "- Pourquoi que spécialement tu nous as dit de venir ce soir? demanda Turandot.
- Vous qui, continua Gridoux, jetiez le voile pudique de l'ostracisme sur la circonscription de vos activités.
- Et qui, ajouta Madeleine, n'avez jamais voulu que nous vous admirassions dans l'exercice de votre art.
- Oui, dit Laverdure, nous ne comprenons pas le hic de ce nunc, ni le quid de ce quod."
(Laverdure est un perroquet)

* "Il faut bien vivre, n'est-ce pas? Et de quoi vit-on? je vous le demande. De l'air du temps bien sûr - du moins en partie, dirai-je, et l'on en meurt aussi -, mais plus capitalement de cette substantifique moelle qu'est le fric."

* "- Ca faut avouer, dit Trouscaillon qui, dans cette simple ellipse, utilisait hyperboliquement le cercle vicieux de la parabole."

* "Un rien l'amène, un rien l'anime, un rien la mine, un rien l'emmène."
(à propos de la vie)

Publié dans : Romans XX°

le 11/9/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/ecume.jpg L'écume des jours
Boris Vian
1947


Quatrième de couverture

Un titre léger et lumineux qui annonce une histoire d'amour drôle ou grinçante, tendre ou grave, fascinante et inoubliable, composée par un écrivain de vingt-six ans. C'est un conte de l'époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique, féérique et déchirant. Dans cette oeuvre d'une modernité insolente, livre culte depuis plus de cinquante ans, Duke Ellington croise le dessin animé, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme d'un nénuphar, le cauchemar va jusqu'au bout du désespoir. Mais seules deux choses demeurent éternelles et triomphantes : le bonheur ineffable de l'amour absolu et la musique des Noirs américains...

Avis
Où l'on se réunit autour du pianocktail, où l'on vénère Jean-Sol Partre, où la mort prend des apparences de nénuphar... J'ai été surprise par tant de poésie et de noirceur. En lisant ce livre, je me sentais vraiment bien, paisible, j'entendais des notes de jazz, je voyais la pièce éclairée par un rayon de soleil. Dans la première partie de l'histoire, c'est surtout ce côté qui est mis en valeur. Dans la seconde partie, c'est le déclin de tous les personnages. L'atmosphère n'est plus du tout la même, je ne m'attendais pas du tout à ce genre de dénouement. Mais j'ai adoré.

En résumé : J'ai découvert un superbe univers, envoutant, noir, et d'une poésie..


Extraits
* "Dans la vie, l'essentiel est de porter sur tout des jugements a priori. Il apparaît en effet que les masses ont tord, et les individus toujours raison."

* "Sa réalisation matérielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la réalité, en atmosphère biaise et chauffée, sur un plan de référence irrégulièrement ondulé et présentant de la distorsion".

* "plus développée dans le sens perpendiculaire" (à propos d'une femme)

* "Production d'interférences par 2 sources animées d'un mouvement oscillatoire rigoureusement synchrone." (à propos de la danse)

* "Ce qui m'intéresse, ce n'est pas le bonheur de tous les hommes, c'est celui de chacun."

* "Leurs coeurs battaient tous deux, sur un rythme de boogie."

* "Ce dernier parfumait sa barbiche avec une brosse à dents trempée dans de l'extrait d'opoponax."

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