L'Arrache-coeur
Boris Vian
1953
Boris Vian
1953
Challenge ABC : 18/26
Quatrième de couverture
Voilà un coin de campagne où l'on a de drôles de façons...La foire aux vieux, par exemple. Curieuse institution ! On sait bien aussi que tous les enfants peuvent voler comme des oiseaux dès qu'ils étendent leurs bras - mais est-ce une raison suffisante pour les enfermer derrière des murs de plus en plus hauts, de plus en plus clos ? Le psychiatre Jacquemort se le demande - puis ne se le demande plus, car il a trop à faire avec la honte des autres, qui s'écoule dans un bien sale ruisseau.
Mais nous, qui restons sur la rive, nous voyons que Boris Vian décrit simplement notre monde. En prenant chacun de nos mots habituels au pied de la lettre, il nous révèle le monstrueux pays qui nous entoure, celui de nos désirs les plus implacables, où chaque amour cache une haine, où les hommes rêvent de navires, et les femmes de murailles.
Avis
Ce fut un plaisir de retrouver cette même poésie que dans L'écume des jours, livre qui m'avait fait découvrir Vian. Un univers déboussolant, déstabilisant (une foire aux vieux, des enfants qui volent, des spectacles de Luxe ; on a jamais vu ça) où l'imagination s'immisce dans la réalité. Ce mélange de poésie et de noirceur à la fois, peut-être même encore plus accentué ici quand dans l'Ecume des jours, détourne la réalité pour en proposer une autre, mais bien plus proche de nous qu'elle n'y paraît.
Au début, on est un peu choqué de ce qui se passe au village, il y a un ou deux passages vraiment durs à lire. On a le même regard que Jacquemort, qui découvre avec horreur et honte le fonctionnement du village. Mais le plus effrayant c'est que personne hormis le nouveau venu ne semble être gêné de frapper les apprentis, de torturer les bêtes, etc. Puis au fur et à mesure, tout comme Jacquemort, on s'habitue. J'ai trouvé la fin un peu plus lente, et surtout concentrée sur les enfants de Clémentine, le village et le psychiatre étant mis de côté.
J'ai adoré les délires de Vian avec la langue, comme par exemple son emploi excessif du trémas sur tous les noms "Citroën, Jeän, La Gloïre, l'Hömme...", ainsi que certains néologismes comme le mélange des mois : " 87 avroût, 132 juillembre..." qui donne au temps une dimension longue, longue, et déréglée comme tout le livre.
Je n'ai pas vraiment réussi à comprendre le titre. L'"arrache-coeur". S'agit-il de Jacquemort, psychiatre "vide" et qui a besoin de psychanalyser les gens pour se remplir ? Ou bien de Clémentine, qui aime tellement ses enfants qu'elle les enferme de peur qu'il ne leur arrive quelque chose ? S'agit-il des villageois, sans aucune valeur morale, qui payent La Gloire pour avoir honte à leur place ? En fait, ça doit être tout cet univers...
En résumé : Encore un magnifique mélange de poésie et de noirceur que nous livre Vian pour décrire la réalité profonde de notre monde.
Mais nous, qui restons sur la rive, nous voyons que Boris Vian décrit simplement notre monde. En prenant chacun de nos mots habituels au pied de la lettre, il nous révèle le monstrueux pays qui nous entoure, celui de nos désirs les plus implacables, où chaque amour cache une haine, où les hommes rêvent de navires, et les femmes de murailles.
Avis
Ce fut un plaisir de retrouver cette même poésie que dans L'écume des jours, livre qui m'avait fait découvrir Vian. Un univers déboussolant, déstabilisant (une foire aux vieux, des enfants qui volent, des spectacles de Luxe ; on a jamais vu ça) où l'imagination s'immisce dans la réalité. Ce mélange de poésie et de noirceur à la fois, peut-être même encore plus accentué ici quand dans l'Ecume des jours, détourne la réalité pour en proposer une autre, mais bien plus proche de nous qu'elle n'y paraît.
Au début, on est un peu choqué de ce qui se passe au village, il y a un ou deux passages vraiment durs à lire. On a le même regard que Jacquemort, qui découvre avec horreur et honte le fonctionnement du village. Mais le plus effrayant c'est que personne hormis le nouveau venu ne semble être gêné de frapper les apprentis, de torturer les bêtes, etc. Puis au fur et à mesure, tout comme Jacquemort, on s'habitue. J'ai trouvé la fin un peu plus lente, et surtout concentrée sur les enfants de Clémentine, le village et le psychiatre étant mis de côté.
J'ai adoré les délires de Vian avec la langue, comme par exemple son emploi excessif du trémas sur tous les noms "Citroën, Jeän, La Gloïre, l'Hömme...", ainsi que certains néologismes comme le mélange des mois : " 87 avroût, 132 juillembre..." qui donne au temps une dimension longue, longue, et déréglée comme tout le livre.
Je n'ai pas vraiment réussi à comprendre le titre. L'"arrache-coeur". S'agit-il de Jacquemort, psychiatre "vide" et qui a besoin de psychanalyser les gens pour se remplir ? Ou bien de Clémentine, qui aime tellement ses enfants qu'elle les enferme de peur qu'il ne leur arrive quelque chose ? S'agit-il des villageois, sans aucune valeur morale, qui payent La Gloire pour avoir honte à leur place ? En fait, ça doit être tout cet univers...
En résumé : Encore un magnifique mélange de poésie et de noirceur que nous livre Vian pour décrire la réalité profonde de notre monde.
Extraits
* "Il était follement simple." Et plus loin : "voluptueusement banal."
* "C'est une église, pas un arrosoir."
* "On ne reste pas parce qu'on aime certaines personnes ; on s'en va parce qu'on en déteste d'autres."
* "Ses feuilles en lame de poignard."
Le titre moi me fait penser à L'attrape-coeurs =p