"Un voile épais et sombre était interposé entre moi et l'univers." La confusion des sentiments - Zweig

Publié dans : Théâtre

le 11/10/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/musset.jpgLes caprices de Marianne
Alfred de Musset
1833
 
Challenge ABC : 3/26

Résumé
Coelio aime Marianne mais n'ose lui avouer ses sentiments. Il demande de l'aide à son ami Octave pour conquérir le coeur de Marianne. Peu à peu celle-ci tombe amoureuse d'Octave. Entre temps, son mari la soupçonne d'adultère et envoie des gardes pour tuer son amant...

Avis
Pièce courte et histoire assez banale avec un triangle amoureux. Elle a remonté dans mon estime grâce à la dernière phrase dite par Octave. Je l'avais dit dans un autre article, mais j'adore quand les livres se terminent par une phrase marquante, qui donne le dernier coup à l'histoire, ou qui offre une autre perspective de lecture. On a ici un Musset toujours en finesse et des répliques sur l'amour toujours aussi délicieuses, mais c'est pas cette pièce de l'auteur que je conseillerais, j'ai largement préféré On ne badine pas avec l'amour par exemple.

En résumé : Sans plus...

Publié dans : Romans XXI°

le 7/10/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/nothomb.jpg Journal d'Hirondelle
Amélie Nothomb
2006

Quatrième de couverture
C'est une histoire d'amour dont les épisodes ont été mélangés par un fou.

Avis
Celui là aussi c'est du pur résumé. Précisons un peu : Urbain ne ressent plus rien, il est devenu insensible. Parfait pour devenir tueur à gage. Mais en tombant sur le journal d'une de ses victimes, un journal qui semble en intéresser plus d'un, ses sentiments vont se réveiller.
J'ai découvert Amélie Nothomb grâce à ce livre, et tout de suite ça m'a fait une forte impression. Vif, intelligent, original, j'ai beaucoup aimé le personnage d'Urbain, sa répartie, quoi que la répartie chez Nothomb j'adore forcément. En fin de compte c'est une histoire bizarre mais touchante, il tombe amoureux d'une fille inconnue qu'il a tué, grâce à son journal. On ne connait pas son vrai nom, au début il choisit Urbain ; il frappe en ville. Lorsqu'on le prend, il devient Innocent, comme le pape, et surtout comme un innocent. La fin est juste génialissime, j'en ai jamais lu de meilleure. J'aime aussi le fait que le titre du "vrai" livre soit en référence à un livre dans l'histoire (ici un journal), comme avec Hygiène de l'assassin ; une sorte de mise en abîme vous voyez.

En résumé : Mon premier livre d'Amélie Nothomb : tout simplement excellent.
 

Extraits
* "J'ai le verbe froid comme la mort."

* "Où le snobisme ne va-t-il pas se nicher ?"

* "Il y a des beautés qui sautent aux yeux et d'autres qui sont écrites en hiéroglyphes : on met du temps à déchiffrer leur splendeur mais quand elle est apparue, elle est plus belle que la beauté."

* "Ce texte s'arrêtera au moment exact de ma mort."

Publié dans : Romans XX°

le 6/10/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/giono.jpgUn roi sans divertissement
Jean Giono
1947

Quatrième de couvertur
Le livre est parti parfaitement au hasard, sans aucun personnage. Le personnage était l'Arbre, le Hêtre. Le départ, brusquement, c'est la découverte d'un crime, d'un cadavre qui se trouva dans les branches de cet arbre. Il y eut d'abord l'Arbre, puis la victime, nous avons commencé par un être inanimé, suivi d'un cadavre, le cadavre a suscité l'assassin tout simplement, et après, l'assassin a suscité le justicier. C'était le roman du justicier que j'avais écrit. C'était celui-là que je voulais écrire, mais en partant d'un arbre qui n'avait rien à faire dans l'histoire.

Avis
Je crois que c'est la lecture la plus difficile que j'ai eu à faire. Je devais vraiment me forcer pour lire ne serait-ce 10 pages. Vous imaginez donc que je ne vais pas faire l'éloge de ce roman. C'était une atmosphère désagréable tout le long, l'omniprésence du sang, de la neige. Mais après l'avoir étudié en classe, il m'a un peu plu. Un peu, car je ne recommanderai quand même pas cette lecture sauf si accompagnée d'explications. Y'a donc eu des choses qui me sont apparues intéressantes, notamment le personnage de Langlois. Dans la première partie du roman il recherche le meurtrier, mais finalement il se rend compte que lui aussi pourrait en être un (et à titre plus général, tous les hommes).  Le livre reprend une citation de Pascal : "un roi sans divertissement est un homme plein de misères" et la démontre en quelque sorte. Bon c'est pas facile à expliquer par rapport à l'histoire. Il y a aussi une sorte de fatalité dans ce roman, qu'on remarque dès le début, et qui laisse présager la fin. En parlant de la fin ... c'est vraiment vraiment glauque, il faut aimer. Si je devais citer une chose que j'ai aimée, ce serait peut-être la description du hêtre, en cours on avait fait toute une analyse dessus, c'est dommage qu'il m'ai fallu cette analyse pour me rendre compte de la beauté du texte. Je n'aime pas me faire une opinion négative sur un seul livre c'est pourquoi j'aimerais lire autre chose de Giono, pour ne prendre que les plus célèbres (même si c'est mal, shame on me) Regain, Angelo ou Le hussard sur le toit, ou bien quelque chose à proposer ?

En résumé : J'ai trouvé ce livre bizarre et très désagréable à lire. Le fond est pas mal, mais vraiment pas facilement accessible et c'est dommage.


Extraits
* "Des indications fort claires que nous n'avions rien à foutre dans un endroit pareil. Et on venait pour quoi ?"

* "Il fallait regarder tous les buissons comme si on cherchait des champignons."

* "C'est un pauvre couillon de qui sait d'où ?"

* "Un mot ne semblait qu'un mot au premier abord, mais je me méfiais beaucoup des mots."

Publié dans : Romans XX°

le 5/10/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/kafka.gifLe Procès
(Der Prozeß)
Franz Kafka
1925

Challenge ABC : 2/26

Quatrième de couverture
On raconte que c'est grâce aux éditions clandestines du samizdat - et donc, sans nom d'auteur - que fut introduite en Union soviétique la traduction du Procès. Les lecteurs pensèrent, dit-on, qu'il s'agissait de l'oeuvre de quelque dissident, car ils découvraient, dès le premier chapitre, une scène familière : l'arrestation au petit matin, sans que l'inculpé se sût coupable d'aucun crime, les policiers sanglés dans leur uniforme; l'acceptation immédiate d'un destin apparemment absurde, etc. Kafka ne pouvait espérer une plus belle consécration posthume. Et pourtant, les lecteurs se trompaient. Le projet de Kafka n'était pas de dénoncer un pouvoir tyrannique ni de condamner une justice mal faite. Le procès intenté à Joseph K., qui ne connait pas ses juges, ne relève d'aucun ordre et ne pouvait s'achever ni sur un acquittement ni sur une damnation, puisque Joseh K. n'était coupable que d'exister.

Avis
Lecture longue, car il se passe peu de choses. On ne sait pas bien à quoi va aboutir tout ce qu'entreprend Joseph K., au début on pense que ce n'est qu'une blague qui sera réglée rapidement, et il ne fait que subir son procès. Mais au fur et à mesure que le livre avance, on se demande comment il va sortir de ce pétrin, il essaye de prendre en main le dénouement de son accusation. Mais comment réussir, quand on ne sait même pas le motif de notre crime ? On ressent aussi l'impasse dans laquelle Joseph K. se trouve, il semble définitivement impossible de réussir à gagner son procès. Son destin est dans les mains de personnages qu'on ne verra jamais. Bien aimé la fin, comme le dit le résumé ; le procès ne pouvait s'achever ni sur une condamnation ni sur un acquittement ...
 
En résumé :  J'admire Kafka qui réussi à écrire un livre entier sur un procès qui ne comporte aucune accusation.


Extrait
"Comme un chien !" dit-il, c'était comme si la honte dût lui suivre.

Publié dans : Romans XX°

le 17/9/09

  http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/etrangercamus1261103393.jpg L'étranger
Albert Camus
1942

 
Quatrième de couverture
Quand la sonnerie a encore retenti, que la porte du box s'est ouverte, c'est le silence de la salle qui est monté en moi, le silence, et cette singulière sensation que j'ai eue lorsque j'ai constaté que le jeune journaliste avait détourné les yeux. Je n'ai pas regardé du côté de Marie. Je n'en ai pas eu le temps parce que le président m'a dit dans une forme bizarre que j'aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français...

Avis
“Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort.” disait Camus à propos de L'étranger. Cette phrase à elle seule pourrait résumer le livre. On voit bien l'absurdité de la chose, et c'est ce que tout le livre nous montrera.

Inspiration
Je crois que le mieux pour parler de ce livre est de commencer par sa source d'inspiration. On m'a raconté que Camus avait écrit L'étranger à partir d'un poème de Baudelaire du même nom, le voici :

"- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? Ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh! Qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !"

♠ Le récit en deux parties
L'histoire se divise en deux parties. La première est marquée par la mort de la mère de Meursault, qui ne semble pas particulièrement affecté. Tout le long de la première partie, c'est un détachement du personnage, un détachement dans ses émotions. Le terme d' "étranger" est tellement justifié : étranger à la société, étranger à sa propre famille, étranger à ses émotions ; en somme étranger à lui-même. En ce sens, on peut sans problème le qualifier d'anti-héros. La lecture de cette partie n'accroche pas vraiment, il ne se passe presque rien (et c'est voulu), jusqu'à ce qu'on arrive à un moment de rupture.

Meursault tue un homme et se fait emprisonner. Durant toute la deuxième partie on le suivra dans sa cellule de prison et jusqu'au dénouement de son procès. Paradoxalement, j'ai trouvé que lorsqu'il était enfermé, il libérait totalement ses pensées, contrairement à la première partie où il est encore libre. Les deux parties du livre se contrastent et s'opposent. J'ai préféré la deuxième partie justement pour le fait qu'on ait plus accès aux sentiments de Meursault, qui m'a semblé plus humain à ce moment là, et moins étranger. En plus vous connaissez mon faible pour les récits de prisonniers..

♠ Le procès
Le procès de Meursault ne sera qu'une grosse blague, et je dis ça parce que sa condamnation ne repose que sur l'argument qu'il n'a pas pleuré à l'enterrement de sa mère ; donc par raisonnement très logique, cet homme est un monstre insensible qui tue les gens sans le moindre remord. Nous lecteur, on connait les circonstances de son acte, et on ne peut pas voir ce procès autrement que comme une énorme injustice, et ç'en est risible vu les preuves pathétiques de sa culpabilité (le fait qu'il n'ait pas pleuré à l'enterrement de sa mère des mois auparavant).
 
En résumé : Le récit d'un homme étranger à la société et à lui-même, victime de l'absurdité de son époque. Beaucoup aimé, surtout la fin. Du grand art je l'admets.


Extraits
* "J'ai compris alors qu'un homme qui n'aurait vécu qu'un seul jour pourrait sans peine vivre cent ans dans une prison. Il aurait assez de souvenirs pour ne pas s'ennuyer."

* "Voilà l'image de ce procès. Tout est vrai et rien n'est vrai !"

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