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le 11/12/10
Quelques liens qui prennent la poussière à force de rester ouverts dans mes onglets, alors je les mets ici :
♠ Le Grand Palindrome, de George Perec, celui que j'admire. Il est fou, il est incroyable, ça ne veut absolument rien dire, mais quel génie !
♠ Poème de l'angle droit, du Corbusier. C'est à propos d'architecture, ça n'a rien de littéraire, j'avais simplement envie de retrouver ce lien facilement.
... A suivre.
Publié dans : Elucubrations
le 11/9/10
Enfin, il y a un an et un jour, je commençais ce blog. L'heure est au bilan. Quelles sont les découvertes que j'ai faites, mes coups de cœur, les livres qui m'ont apporté un nouveau regard sur les choses, dont le style ou les idées m'ont plu, en somme les livres les plus marquants que j'ai lus cette année ?
-Le meilleur des mondes, d'Aldous Huxley : dystopie effrayante et si lucide, qui nous met en garde pour l'avenir.
-Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline : Bardamu nous fait part de la pourriture du monde qui l'entoure, sur un ton de passivité et écrit avec un style remarquable.
-Si c'est un homme, de Primo Levi : sans nul doute le livre pour lequel j'ai le plus de respect puisqu'il s'agit d'un témoignage d'un rescapé des camps. Frappant et humain, glaçant tout au long et jusqu'à la fin, à lire pour le devoir de mémoire.
-La disparition, de Georges Perec : le livre qui pour moi relève du génie, tant par le fond que par la forme.
-La vie devant soi, de Romain Gary (Emile Ajar) : vu par les yeux d'un enfant, et Dieu que les enfants voient bien les choses ; Momo raconte son quotidien avec Madame Rosa la personne âgée qui le garde, et le lien qui se tisse entre eux jusqu'à la mort.
- La mort du roi Tsongor, de Laurent Gaudé : dans une Antiquité fictive, récit mené par une plume empreinte de mélancolie et de douceur.
Publié dans : Elucubrations
le 1/7/10
Vu chez Dame Meli, et comme les vacances sont l'occasion idéale pour y répondre, voici mes réponses au célèbre questionnaire de Proust ! Dans quelque temps, quand je relirai ces réponses je penserai "mais omg comment j'ai pu répondre ça, comment j'ai pu ne pas penser à ça.. ?", il serait intéressant d'ailleurs de faire ce questionnaire en deux instants éloignés de notre vie. Pour la petite histoire, ce questionnaire se nomme ainsi parce que l'écrivain Proust a répondu à ces questions de manière assez surprenante.
Ma principale qualité : Aujourd'hui je dis l'écoute.
La qualité que je préfère chez un homme : Le respect.
La qualité que je préfère chez une femme : Le respect.
Mon principal trait de caractère : La discrétion.
Ce que j'apprécie le plus chez mes amis : J'apprécie le fait qu'on puisse discuter librement de n'importe quoi, qu'on éprouve le même plaisir à se voir, à s'organiser des sorties, etc. Le fait de me sentir à l'aise avec eux, qu'ils me considèrent d'égal à égal, de ne ressentir aucune gêne en leur présence, de partager des moments géniaux ensemble.
Mon principal défaut : Incapable d'entretenir des relations. J'ai perdu des gens extrêmement proches par ma seule faute et ça me tue. Je suis trop solitaire, et j'ai du mal à être à l'aise rapidement avec une nouvelle personne.
Mon occupation préférée : Trainasser sur l'ordi haha, visiter des pays, des monuments, lire, bronzer, des trucs bien bateau.
Mon rêve de bonheur : Une maison en pleine campagne sous le soleil du Midi, entourée de lavande et bercée par le chant des cigales. Ouaip.
Quel serait mon plus grand malheur ? : La mort de mes parents ou de mes soeurs.
Ce que je voudrais être : Une femme intelligente et respectée, qui serait heureuse dans sa profession et dans sa vie privée.
Le pays où je désirerais vivre : Je ne sais pas.. y'en a tellement. La Suède dans un de ses archipels, la Grèce dans ses montagnes ou ses îles, l'Espagne, à Prague capitale très accueillante... ou simplement le Sud de la France. Dans un lieu où je me sentirais bien, où chaque matin je me lèverai en me disant quelle chance j'ai d'habiter un tel endroit.
La couleur que je préfère : Couleur indigo.
La fleur que je préfère : L'oiseau de paradis.
L'oiseau que je préfère : Le flamant rose, et une toute particulière affection pour l'albatros de monsieur Baudelaire.
Mes auteurs favoris en prose : Vian pour sa vision du monde, Queneau et Perec que je considère comme les dieux de la langue française moderne, et Nothomb pour la répartie dans ses livres !
Mes poètes préférés : Apollinaire et Baudelaire pour leur poésie moderne et visuelle.
Mes héros dans la fiction : Cyrano de Bergerac qui avait l'esprit mais point la beauté. Et ptet' aussi un faible pour Chuck Bass (oui oui je regarde Gossip Girl sans complexe).
Mes héroïnes dans la fiction : Jusqu'à peu de temps j'aurais dit que je n'en avais pas, mais là j'ai entammé Millenium et il se pourrait bien que Lisbeth Salander ait une nouvelle fan *-*. Ah et si je m'éloigne des livres, j'adore Veronica Mars.
Mes compositeurs préférés : Danny Elfman et Joe Hisaishi, des purs génies de notre époque.
Mes peintres favoris : Dalí, le Douanier Rousseau, Miró.
Mes héros dans la vie réelle : Nelson Mandela, et Heath Ledger que je regretterai toujours.
Mes héroïnes dans la vie réelle : heu..
Mes héroïnes dans l'histoire : elles me saoulent ces questions à devoir trouver des héroïnes è_é.
Ma nourriture et ma boisson préférées : Les pâtes à toutes les sauces et le diabolo grenadine.
Mes noms favoris : Ceux commençant par la lettre A.
Ce que je déteste par-dessus tout : Les gens qui rient trop fort au resto, ceux qui t'écrasent le pied dans la queue, les vieilles commères de quartier, les clichés, les gamins qui te hurlent dans les oreilles, celles qui portent des talons à 12 ans, les préjugés, les gens stéréotypés, le fait qu'on ne me respecte pas ou qu'on m'ignore.
Le personnage de l'Histoire que je déteste le plus : Je vais pas détester quelqu'un qui est mort quoi.. Mais ça me rappelle cette citation : "L'Histoire est le total des choses qui auraient pu être évitées" (Adenauer).
Le fait militaire que j'admire le plus : Je hais tout ce qui touche au domaine militaire.
La réforme que j'estime le plus : L'abolition de la peine de mort, seulement en 1981 en France sous Mitterrand.
Comment j'aimerais mourir : Dans mon sommeil, sans aucun regret de ce que j'aurais vécu.
État présent de mon esprit : Déçue par quelque chose.. Sinon dans l'absolu je me sens vidée et en vacances \o/.
Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence : Celles que je peux comprendre ou que j'aurais pu faire.
Ma devise : Je n'en ai pas, ou plutôt j'en ai plusieurs, tout dépend des circonstances. « On n'est jamais mieux satisfait que par soi-même » un peu égoïste, certes, mais qui s'est révélée tellement vraie dans mon expérience, « Qui ne tente rien n'a rien », et je repense à une formule de Beigbeder qui je l'avoue m'a quelque fois été utile : « Recette pour aller mieux. Répéter souvent ces trois phrases : le bonheur n'existe pas. L'amour est impossible. Rien n'est grave. »
Publié dans : Romans XX°
le 15/6/10
Louis-Ferdinand Céline
1932
Challenge ABC : 26/26
Quatrième de couverture
- Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu'il y a dedans... Je ne la déplore pas moi... Je ne me résigne pas moi... Je ne pleurniche pas dessus moi... Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu'elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c'est eux qui ont tort, Lola, et c'est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir."
Avis
Enfin ! Je suis restée bien 5 mois sur ce livre... oui j'ai du mal avec les longs romans. C'est pas faute d'être ennuyeux, au contraire. J'ai trouvé l'écriture... juste géniale. L'histoire en elle même ne m'a pas toujours beaucoup captivée, mais la manière dont le narrateur t'envoie son histoire en pleine face, comme s'il te la crachait son histoire, c'était excellent.
Le récit de Ferdinand Bardamu se décompose en 5 phases. La première, c'est la guerre. Mais la guerre l'ayant plus que dégouté, il quitte la France pour une colonie en Afrique. Je pense que c'est la partie que j'ai préférée, l'environnement tropical toussa toussa, j'aime beaucoup. Mais là encore, le système colonial le répugne. "La poésie des Tropiques me dégoutait. Mon regard, ma pensée sur ces ensembles me revenait comme du thon." Ce qui conduit notre ami Bardamu à New York, où il fait la rencontre du capitalisme américain. "Quand les fidèles entrent dans leur Banque, faut pas croire qu'ils peuvent se servir comme ça selon leur caprice. Pas du tout. Ils parlent à Dollar en lui murmurant des choses à travers un petit grillage, ils se confessent quoi." Il revient donc en France où on le retrouve une dizaine d'année plus tard, exerçant la profession de médecin... oui ça m'a surprise, c'était bien la dernière des professions que je le voyais exercer. Enfin soit. Cette partie du roman est celle où j'ai le moins accroché, ça se passe dans une banlieue parisienne, et Bardamu s'occupe essentiellement de malades. On sentait une certaine résignation, une sorte de fatalité dans son ton. "Bientôt, il n'y aura plus que des gens et des choses inoffensifs, pitoyables et désarmés tout autour de notre passé, rien que des erreurs devenues muettes". Enfin, la dernière partie de son histoire se déroule dans un asile, c'est gai.
A chaque étape, Bardamu tombe comme par hasard sur Robinson, un type qu'il rencontre pendant la guerre. C'est comme si leur destin était lié. A chaque fois quand Robinson disparaissait, on se croyait débarrassé de lui, mais non, il est là jusqu'à la fin. En parlant de fin, eh bien, elle m'a laissée perplexe la fin. Tout ça pour dire que j'ai vraiment beaucoup aimé l'écriture, ce ton de lâcheté, de passivité complète. Bardamu est un anti-héros, je sais pas si la comparaison est pertinente mais il m'a rappelé L'étranger de Camus. On comprend mieux ce qu'évoque le titre, cette "nuit" dans laquelle il s'enfonce et s'enfonce, cette pourriture du monde dont il s'efforce de rendre compte. Petite note : Céline s'est inspiré de son expérience personnelle de la guerre de 14/18 et en tant que médecin pour écrire ce livre, mais ce livre n'est toutefois pas une autobiographie.
En résumé : Avec du recul, ce livre m'a marquée. Le style incomparable de la narration, la vision du monde de cet anti-héros persistent dans ma mémoire, et c'est le signe que j'ai affaire à un excellent bouquin.
Extraits
* "Les fleurs c'est comme les hommes. Plus c'est gros et plus c'est con."
* "candidement cannibale"
* "Il offrait à cette petite fille lointaine assez de tendresse pour refaire un monde entier, et cela ne se voyait pas."
* (à propos des crépuscules) : "Tragiques chaque fois comme d'énormes assassinats du soleil."
* "Il s'appelait "Surgeon général" ce qui serait un beau nom pour un poisson."
* "A 37° tout devient banal."
* (à propos du métro) : "rempli de viandes tremblotantes"
* "On aurait dit des grosses bêtes bien dociles, bien habituées à s'ennuyer."
* "mon néant individuel"
* "une sorte de moulin à café à monnaie."
* "L'existence ça vous tord et ça vous écrase la face."
* "C'est le voyageur solitaire qui va le plus loin."
* "L'avenir, je vois comment qu'y sera... Ca sera comme une partouze qui n'en finira plus."
* "des précautions d'assassinat"
* (à propos des journaux) : "formidable artichaut de nouvelles en train de rancir"
* "Ah il y en a qui vont au Théâtre pour se faire des émotions ! Mais je vous le dis : il est ici le théâtre !"
* "La vie n'est qu'un délire tout bouffi de mensonges."
* "Quand on commence à se cacher des autres, c'est signe qu'on a peur de s'amuser avec eux. C'est une maladie en soi. Il faudrait savoir pourqoi on s'entête à le pas guérir de la solitude."
* "Un fou, ce n'est que les idées ordinaires d'un homme mais bien enfermées dans une tête."
* "Et ce n'est plus, autour d'eux, qu'une ragouillasse dégueulasse de débris organiques, une marmelade de symptômes de délires en compote."
Publié dans : Romans XX°
le 10/2/10
☆ La disparition ☆
G.P.
1969
Trahir qui disparut, dans La disparition, ravirait au lisant subtil tout plaisir. Motus donc, sur l'inconnu noyau manquant - « un rond pas tout à fait clos finissant par un trait horizontal » -, blanc sillon damnatif où s'abîma un Anton Voyl, mais d'où surgit aussi la fiction. Disons, sans plus, qu'il a rapport avec la vocalisation. L'aiguillon paraîtra à d'aucuns trop grammatical. Vain soupçon : contraint par son savant pari à moult combinaisons, allusions, substitutions ou circonclusions, jamais G.P. N'arracha au banal discours joyaux plus brillants ni si purs. Jamais plus fol alibi n'accoucha d'avatars si mirobolants. Oui, il fallait un grand art, un art hors du commun, pour fourbir tout un roman sans ça !
Avis
Voilà un roman qui m'apparaît plus qu'original. Un parfait duo liant un fond à "l'incisif plaisir du bon mot". Loin d'avoir un charabia sibyllin, un galimatias confus, un imbroglio, G.P montra ici non sans brio qu'on pouvait obscurcir, assombrir à jamais l'inscription qui nous suivait, paraissant comme la Damnation, dans tout mot. Pari contraignant, mais il voila "un rond pas tout à fait clos finissant par un trait horizontal". Quant au brillant plan du roman ; avatars aussi furtifs qu'attachants, puis un fatal sort qui nous apparaît à la fin trop clair. Bravissimo donc, au grand scribouillard d'Oulipo.
Citations
* "Un charabia sibyllin, un galimatias diffus. Un imbroglio."
* "Un sanglot aussi long qu'un violon automnal."
* "mis sur son vingt-huit plus trois"
* "Nom d'un Toutou !"
* "Marchons, marchons ! D'un sang impur irriguons nos sillons."
* "Pourquoi toujours vouloir unir un Pourquoi à la Mort ?"
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En savoir plus
Après m'être pliée à cet exercice, rien n'est plus vrai que l'aphorisme de Boileau : ce qui ce conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire viennent bien plus aisément. Vous n'avez sans doute rien compris à mon charabia, don't worry, je me trouvais dans le même état après la lecture du résumé. Sachant le défi que s'était fixé Perec, au début je dois dire que je guettais les mots du coin de l'oeil, je les attendais avec retenue, j'étais attentive à la manière dont l'écrivain allait s'y prendre pour tenir 300 pages. Je prêtais plus attention aux mots eux mêmes qu'au sens de l'histoire. Au fil des pages, je me suis finalement faite à l'idée qu'une voyelle manquait au bouquin et que Perec était un pur génie, l'histoire m'est alors apparue aussi impressionnante que le défi de l'auteur. Tout est lié. La forme est au service du fond. On a à faire à une succession de morts "inexplicables" des personnages. Le roman se construit tel une enquête, on avance de révélations en révélations, le tout sur un style léger, qui ne se prend pas du tout au sérieux. J'ai vraiment trouvé ce livre excellent, transcendant. Par ses inventions, ses détours de la langue pour arriver à s'exprimer tout en respectant son pari, Perec m'a également fait réfléchir sur les mots, leur utilisation, leur étymologie, leur sens. L'auteur faisait parti de l'OuLiPo ; Ouvroir de Littérature Potentielle, dont Queneau que j'adore était aussi un membre.
Il paraitrait que "la disparition" du e pourrait être mise en relation avec la disparition des parents de l'écrivain durant la guerre.
Si une autre oeuvre lipogrammatique ("à qui il manque une lettre ») vous intéresse, il existe si je puis dire l'opposé du livre : Les Revenentes.
En résumé : Un livre extravagant et intelligemment construit, à s'y plonger sans plus attendre. Surement une de mes meilleures lectures.
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