"Plus de ces morceaux d'une éloquence sublime, plus de ces productions marquées au coin de l'ivresse et du génie : tout est raisonné, compassé, académique et plat." Jacques le Fataliste - Diderot

Publié dans : Théâtre

le 3/1/10

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/calderon.png La vie est un songe
(La vida es sueño)
Pedro Calderón de la Barca
1635

Résumé
Dans une Pologne fictive, le roi Basile a eu la prédiction que son fils Sigismond deviendrait un tyran. Voulant protéger son peuple, Basile enferme son fils à sa naissance, dans une grotte, sans jamais voir personne. Allant bientôt mourir, Basile décide le temps d'une journée de tester son fils en le mettant sur le trône.

Avis
Une des pièces de théâtre que j'ai préférées. L'intrigue est loin d'être simple, les thèmes abordés originaux. Il y a plein de métaphores dans ce texte. Le baroque y est omniprésent : la vanité, l'illusion, la mort... Il y a tellement à dire dans l'interprétation de cette pièce, elle est si riche, c'est ça qui me plait.

D'emblée, le titre met en rapprochement vie et rêve, réalité et illusion. Toute l'intrigue de la pièce va se jouer sur cette limite. La pièce se compose de 3 actes qui symbolisent 3 journées. Lors de la première journée Sigismond est enfermé dans la grotte avec son instructeur Clotalde (unique contact). Durant la deuxième journée  il a accès au pouvoir mais se comporte abominablement. A la fin de la journée on le réenferme. Il se demande alors si ce qu'il a vécu était un rêve, les frontières entre le réel et l'iréel se font floues. La troisième journée, croyant donc rêver, il décide d'agir justement : "je rêve, et je veux agir selon le bien, car on ne perd rien à faire le bien, même en songe". L'oracle du père se révèle faux, Calderón prouve qu'il n'existe aucune fatalité. Au contraire, c'est à cause de son père et de son enfermement que Sigismond est devenu une bête féroce. Je pourrais encore développer d'autres points tellement cette pièce donne matière à réfléchir. J'ai totalement adoré.

En résumé : Une pièce génialissime qui joue sur l'ambigüité rêve/ réalité.


Extrait
"Il est tant de plaisir à se plaindre,
disait un philosophe,
que rien que pour le plaisir de se plaindre
on devrait recherche les malheurs".

Publié dans : Théâtre

le 7/12/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/combustiblesamelienothombL1.jpgLes combustibles
Amélie Nothomb
1994
 
Challenge ABC : 10/26

Quatrième de couverture

La ville est assiégée. Dans l'appartement du Professeur, où se sont réfugiés son assistant et Marina, l'étudiante, un seul combustible permet de lutter conte le froid : les livres...
Tout le monde a répondu une fois dans sa vie à la question : quel livre emporteriez-vous sur une île déserte ? Dans ce huis clos cerné par les bombes et les tirs des snipers, l'étincelante romancière du Sabotage amoureux pose à ses personnages une question autrement perverse : quel livre, quelle phrase de quel livre vaut qu'on lui sacrifie un instant, un seul instant de chaleur physique ?

Avis
Je suis mitigée sur ce livre. Comme la plupart des Nothomb, je l'ai lu d'une seule traite cette nuit, le style est toujours aussi bon, les répliques mordantes, les dialogues vifs. Mais je suis un peu déçue d'un autre côté, je m'attendais à ce qu'on parle de Molière, Rimbaud, Camus et de tous les grands de la littérature française. Je m'attendais à ce qu'on décortique leurs oeuvres, qu'on les compare, qu'on les critique. Au lieu de ça, on me présente des livres fictifs. Bien que ce travail soit beaucoup plus long, l'auteur aurait dû s'engager réellement en choisissant de vraies oeuvres. Il y a matière à réfléchir avec ce sujet, la pièce aurait pu être plus longue, ou au moins éviter le passage entre Marina et le professeur. La guerre leur fait perdre tout sens moral, et c'est compréhensible, mais de là à en arriver à ça... mouais non.

En résumé : Plutôt déçue par cette pièce, par les personnages et la manière dont a été traité le sujet : dommage que de vraies oeuvres n'aient pas été prises en exemple.


Extraits
* "Car je ne laisserai à personne d'autre qu'à moi le privilège de foutre le feu à cet emmerdeur !"

* "C'est si confortable de continuer à salir la réputation d'un livre. Aucun risque que le bouquin se venge : c'est ça qui est bien avec la littérature."

 
o°O°o
A moi de vous poser ces deux questions :
Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte ?
En état de siège, quel bouquin jetteriez vous en premier au feu
(autrement dit quel est le pire livre que vous ayez lu) ?
 

Publié dans : Théâtre

le 5/12/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/lecidcouv.jpgLe Cid
Pierre Corneille
1637
 
Résumé
Rodrigue doit venger son père en tuant le père de Chimène, la femme qu'il aime.

Avis
C'est une très belle pièce, sur l'honneur et l'amour. J'ai bien aimé cette dualité : au XVIIème en Espagne, l'honneur de la famille prime sur les sentiments. A cette époque, si ton père se fait insulter par quelqu'un, tu devras le tuer, c'est aussi simple. C'est étonnant que Rodrigue préfère venger son père plutôt que suivre son amour, et d'ailleurs c'est résumé dans ces vers : "Préférant son honneur à Chimène, et Chimène à sa vie". Oui ça fait vraiment mélodramatique : "Je t'aime mais j'ai tué ton père donc je dois mouriiir". Corneille explore un nouveau genre : la tragicomédie. J'ai été très sensible à la plume de Corneille, et le rapport honneur/ amour/ vie est bien traité.
Il paraît qu'il existe une polémique comme quoi Molière et Corneille seraient une seule et même personne ... Bon moi ça me semble louche.

En résumé : J'ai bien aimé cette pièce et la plume de l'auteur, bien que les réactions des personnages m'aient parue parfois excessives.


Extraits
* "Ô rage ! ô desespoir ! ô vieillesse ennemie !"

* "Va, cours, vole et nous venge."

* "A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire."

* "Va, je ne te hais point."

* "Préférant son honneur à Chimène, et Chimène à sa vie."

* "L'amour, ce doux auteur de mes cruels supplices,
aux esprits des amants apprend trop d'artifices."

Publié dans : Théâtre

le 17/11/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/phedre.jpgPhèdre
Jean Racine
1677

Quatrième de couverture
Phèdre, l'épouse du roi Thésée, éprouve une passion coupable à l'égard d'Hippolyte, son beau-fils...

Avis
C'est un fait, le Phèdre de Racine est un classique. Les vers sont en alexandrins, les phrases paraissent lourdes, tout semble complètement démesuré et dramatique. Voilà ce que je me suis dit après cette lecture. J'ai pu l'étudier en cours, et finalement après qu'on nous ait donné plusieurs informations j'ai pu apprécier la pièce à sa juste valeur. Tout commence avec de la mythologie : la déesse Venus a jeté une malédiction à une des ascendantes de Phèdre (sa mère je crois). Phèdre est donc maudite. Son sort est d'être condamnée à aimer Hippolyte, le fils de son mari Thésée. Bien sûr Phèdre ne veut pas de cet amour, ce qui explique sa haine ; mais d'un autre côté elle ne peut rien face à la fatalité que lui infligent les dieux, ce qui explique son amour démesuré pour Hippolyte. Cette dualité entre amour et haine est donc intéressante. A partir de cette explication j'ai mieux compris la pièce et l'ai bien plus appréciée aussi. C'est dommage que ce ne soit pas évident dès le départ, enfin je ne sais pas pour vous. On a face à nous un personnage complètement  déchiré de l'intérieur, c'est la véritable passion amoureuse qui la dévore et rend insupportable son existence.
D'un autre côté, je ne sais pas si je peux me fier à ce qu'a dit ma prof, je n'ai pas trouvé d'autres sources le confirmant. Je ne peux donc pas vous affirmer que ce mythe existe réellement.

En résumé : Une pièce qui m'a paru difficile au premier abord, mais avec quelques infos en plus elle s'est révélée beaucoup plus prenante.

Publié dans : Théâtre

le 1/11/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/ionesco.jpg La Cantatrice Chauve
Eugène Ionesco
1950

Challenge ABC : 6/26


Résumé
M et Mme Smith ont invité à dîner M et Mme Martin. Le pompier puis la bonne s'invitent à leur tour, le tout donnant une petite perle de littérature.

Avis
J'avais entendu cette pièce qualifiée de théâtre de l'absurde, je ne savais donc pas trop à quoi m'attendre, ce que "théâtre de l'absurde" signifiait. Et en fait, j'ai trouvé cette pièce géniale (surement encore mieux à voir en représentation d'ailleurs). Il y a dedans un humour qui colle pile poil avec le mien. Là certains se disent : "Humour ... ?". En fait, c'est complètement absurde du début à la fin, d'ailleurs à la fin, il est indiqué que la pièce doit recommencer comme au tout début. Il y a toujours un décalage, différent dans chaque scène. Par exemple lorsque Mme Smith parle pour ne rien dire tandis que M. Smith continue de lire son journal en faisant claquer sa langue, ou bien lorsque les époux Martin ne se reconnaissent pas et se trouvent de singulières coïncidences ("Cher monsieur il semblerait que l'on partage le même lit"). Même l'horloge qui rythme la pièce la rythme à sa façon : irrégulière, imprévisible et incohérente, comme tout le reste. Bref, je me suis bien marrée. Le titre est trompeur, il n'y a aucune cantatrice chauve, seulement un tout petit passage dans la pièce qui nous éclaire sur le choix de ce titre : absurde comme le reste. Aucun des personnages ne semble lucide, prendre du recul, on dirait qu'ils vivent dans un monde parallèle complètement incohérent. A la fin, ils enchaînent les proverbes sans aucun liens entres eux. Pour la petite histoire, Ionesco voulait apprendre l'anglais et s'est étonné des méthodes d'apprentissage, à savoir des phrases sans cohérence (un peu le genre "Where is Bryan ?"). Il n'y a aucune morale à en tirer, aucune psychologie à dégager, c'est autrement dit une "anti-pièce". Et ça me donne bien envie de lire une autre pièce de l'auteur.

En résumé : J'ai adoré cette pièce, ce côté absurde qui revient toujours de différentes façons.


Extraits
* "Et la tante de Bobby Watson, la vieille Bobby Watson pourrait très bien, à son tour, se charger de l'éducation de Bobby Watson, la fille de Bobby Watson. Comme ça, la maman de Bobby Watson, Bobby, pourrait se remarier."

* "Je te donnerai les pantoufles de ma belle-mère si tu me donnes le cercueil de ton mari."

* "Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux !"

* "-A propos, et la cantatrice chauve ?
- Elle se coiffe toujours de la même façon !"

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