"Plus de ces morceaux d'une éloquence sublime, plus de ces productions marquées au coin de l'ivresse et du génie : tout est raisonné, compassé, académique et plat." Jacques le Fataliste - Diderot

Publié dans : Romans XXI°

le 30/8/10

http://milkymoon.cowblog.fr/images/tsongor.jpg La mort du roi Tsongor
Laurent Gaudé
2002

Quatrième de couverture
Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d’un empire immense, s’apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate : c’est Troie assiégée, c’est Thèbes livrée à la haine. Le monarque s’éteint; son plus jeune fils s’en va parcourir le continent pour édifier sept tombeaux à l’image de ce que fut le vénéré – et aussi le haïssable – roi Tsongor.
Roman des origines, récit épique et initiatique, le livre de Laurent Gaudé déploie dans une langue enivrante les étendards de la bravoure, la flamboyante beauté des héros, mais aussi l’insidieuse révélation, en eux, de la défaite. Car en chacun doit s’accomplir, de quelque manière, l’apprentissage de la honte.


Avis
Je n'avais jamais entendu parler de ce livre, je suis tombée dessus par hasard et me suis dit "pourquoi pas". Et quelle découverte ! Laurent Gaudé écrit avec une plume douce, mélancolique, mais sans jamais en faire des caisses. Vous savez, parfois on est plus sensible à un auteur parce que son écriture nous paraît tellement fluide, comme si c'étaient nos propres mots qui sortaient. Eh bien là c'était le cas, et ça me fait rarement cet effet quand je lis un livre.

Outre la plume, j'ai aussi adoré l'histoire. Ca m'a beaucoup rappelé les Nouvelles Orientales de Marguerite Yourcenar ; ces personnages, ces légendes, ces tribus, ces villes, ces lieux, ces paysages... Ce qui m'a plu aussi, c'est la noblesse que dégagent les personnages, simplement belle.

Le titre est très symbolique. On peut penser que ce livre fera le récit de Tsongor jusqu'à sa mort. Mais en fait, cette mort est simplement le commencement de l'histoire, et elle aura une répercussion énorme : la guerre. Ca a un petit côté Guerre de Troie d'ailleurs : deux prétendants venant de deux royaumes différents venus chacun pour épouser la fille du roi. La ressemblance s'arrête là, car Samilia, la fille du roi, ne choisira ni Kouame ni Sango Kerim.

Je crois que ce que j'ai préféré, c'est le voyage du plus jeune fils de Tsongor, Souba, qui doit édifier sept tombeaux à l'éfigie de son père dans tout le royaume. Chacun rivalise de prouesse architecturale (et j'y suis sensible, normal) ; dans un jardin suspendu, une grotte souterraine, une montagne, un immense arbre, une tour dans le désert..., et chacun représente une des facettes de la personnalité du roi.

Au cours de ce récit, chaque personnage se remettra en question, s'interrogera. Et si Tsongor n'était pas mort ? Pourquoi m'a t-il confié cette mission d'exil ? Quel héritage garderai-je de mon royaume ? Des réflexions souvent solitaires, et qui détermineront la destinée de chacun. Le terme qui convient le mieux par rapport à ce que j'ai ressenti, c'est de dire que j'ai trouvé ce livre extrêmement beau.

En résumé : Mon petit coup de coeur de l'été ; une plume douce et mélancolique, un magnifique récit.

Publié dans : Contes/Nouvelles

le 1/5/10

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/orientales.gifNouvelles Orientales
Marguerite Yourcenar
1938

Challenge ABC : 24/26

Quatrième de couverture
Avec ces Nouvelles, écrites au cours des dix années qui ont précédé la guerre, la tentation de l'Orient est clairement avouée dans le décor, dans le style, dans l'esprit des textes. De la Chine à la Grèce, des Balkans au Japon, ces contes accompagnent le voyageur comme autant de clés pour une seule musique, venue d'ailleurs. Les surprenants sortilèges du peintre Wang-Fô, " qui aimait l'image des choses et non les choses elles-mêmes ", font écho à l'amertume du vieux Cornelius Berg, " touchant les objets qu'il ne peignait plus ". Marko Kralievitch, le Serbe sans peur qui sait trompait les Turcs et la mort aussi bien que les femmes, est frère du prince Genghi, sorti d'un roman japonais du XIe siècle, par l'égoïsme du séducteur aveugle à la passion vraie, comme l'amour sublime de sacrifice de la déesse Kâli, " nénuphar de la perfection ", à qui ses malheurs apprendront enfin l'inanité du désir... "

Avis
Point Challenge
A la base je ne voulais pas lire ce livre pour le challenge, mais je me suis dit que je me réserverai Kitchen de Banana Yoshimoto pour le challenge ABC prochain. En parlant du challenge, j'ai enfin trouvé quoi lire pour ma lettre en X, enfin. Comme me l'a astucieusement proposé 100choses, je vais prendre un roman anonyme, écrit par une personne X... *roulement de tambours* : Le roman de Renart.
 
Le contenu des nouvelles
Alors que dire de ces nouvelles orientales ? J'ai beaucoup aimé ce côté oriental, justement. Ca change de l'ordinaire, on plonge avec plaisir dans des régions inhabituelles. La plupart des nouvelles m'ont beaucoup plu, d'autre moins. Ma préférée reste la première : Comment Wang-Fô fut sauvé, qui dégage une poésie très délicate. Une chose qui m'a dérangée, ce sont les passages assez durs : sanglants, et de la torture (notamment Marko crucifié ou Kostis le Rouge). Passages difficiles à avaler parce que je suis une âme sensible, mais d'un autre côté ils sont indispensables pour créer l'atmosphère voulue par l'auteur et cette impression d'ensemble que j'en garde. A part ça, j'ai trouvé dans ces nouvelles beaucoup de soleil et de poésie. Je fermais les yeux et avais l'impression de me trouver sur une de ces îles grecques baignée dans le soleil. On cottoie des déesses (Kâli, "nénuphar de la perfection"), des nymphes, des peintres, des sauvages, et l'amour. L'amour maternel d'une femme pour son bébé, un amour parmi tant d'autres du prince Genghi, l'amour étrange de Panégyotis pour les Néréides, l'amour impossible d'Aphrodissia pour Kostis le Rouge... On quitte le mode de vie occidental, c'est totalement différent, j'ai adoré ce dépaysement. Ces contes sont un monde à part, inconnu au lecteur, et c'est ce qui fait tout leur charme.

La forme du recueil
Je voudrais mettre en évidence le "mouvement" de ce recueil. L'ordre des nouvelles n'a pas été choisi par hasard (du moins c'est ainsi que je le comprends). Pour commencer, la fuite du peintre Wang-Fô annonce l'univers de toutes ces nouvelles. Wang-Fô, dans sa barque, nous montre le chemin, et on le suit. Les nouvelles s'enchaînent. Les trois dernières, elles, présageaient la fin de cet univers, comme si elles nous préparaient à le quitter. Il y a comme de la nostalgie, surtout dans la dernière, où on rentre en Europe avec Cornélius Berg. Je n'ai pas encore parlé de la superbe écriture de Marguerite Yourcenar, très très bonne découverte. J'ai hâte de me plonger dans L'Oeuvre au Noir qui attend patiemment sur mon étagère depuis 2 ans.

En résumé : Une très belle découverte de la plume de Marguerite Yourcenar. Ces nouvelles m'ont complètement dépaysée. J'y ai trouvé beaucoup de soleil et de poésie.


Extraits
* "Le monde n'est qu'un amas de taches confuses, jetées sur le vide par un peintre insensé, sans cesse effacées par nos larmes."

* "Cet homme raffiné peut enfin goûter tout son saoul au luxe suprême qui consiste à se passer de tout."

* "Genghi lisait les Ecritures et trouvait à ces versets austères une saveur qui manquait désormais pour lui aux plus pathétiques vers d'amour."

* "Il lui fallut se rendre compte que les ténèbres pour lui commenceraient avant la mort."

* "Dans un univers où tout passe comme un songe, on s'en voudrait de durer toujours."

* "Ses oreilles un peu allongées encadraient obliquement son crâne à la façon des anses d'une amphore."

* "Il est sorti du monde des faits pour entrer dans celui des illusions, et il m'arrive de penser que l'illusion est peut-être la forme que prennent aux yeux du vulgaire les plus secrètes réalités."

* "un jeune pin écailleux dont la résine versait des pleurs d'or"

* "Dieu est un grand peintre."

* "son harem floral"

Publié dans : Sommaires & Co

le 13/9/09

Je suis tombée sur cette liste un peu par hasard chez notre grande amie wikipedia (lien). La liste présente les 100 "meilleurs" livres du XXème siècle, c'est à dire ceux qui ont le plus marqué les français. Bon, chacun entend ce qu'il veut par "meilleur", tout est relatif hein :D. En tout cas ça m'a donnée pas mal d'idées de lectures, voici donc la liste raccourcie avec uniquement les livres que j'ai lus ou qui m'intéressent :

Coups de coeur
* Dans ma bibliothèque

1) L'étranger - Albert Camus
2) A la recherche du temps perdu - Marcel Proust *
3) Le procès - Franz Kafka
4) Le petit Prince - Antoine de Saint-Exupéry
5) La condition humaine - André Malraux
6) Voyage au bout de la nuit - Louis-Ferdiand Céline
7) Les raisins de la colère - John Steinbeck
8) Pour qui sonne le glas - Ernest Hemingway
9) Le grand Meaulnes - Alain-Fournier
10) L'écume des jours - Boris Vian
12) En attendant Godot - Samuel Beckett
13) L'être et le néant - Jean-Paul Sartre
14) Le nom de la rose - Umberto Eco
15) L'archipel du Goulag - Alexandre Soljenitsyne
16) Paroles - Jacques Prévert
17) Alcools - Guillaume Apollinaire
19) Journal - Anne Frank
20) Tristes tropiques - Claude Levi-Strauss
21) Le meilleur des mondes - Aldous Huxley
22) 1984 - Georges Orwell
24) La cantatrice chauve - Eugène Ionesco
26) L'oeuvre au noir - Marguerite Yourcenar *
31) Le hussard sur le toit - Jean Giono
33) Cent ans de solitude - Gabriel García Márquez *
36) Zazie dans le métro - Raymond Queneau
37) La confusion des sentiments - Stefan Zweig
41) Bonjour tristesse - Françoise Sagan
42) Le silence de la mer - Vercors
43) La vie mode d'emploi - Georges Perec
44) Le chien de Baskerville - Arthur Conan Doyle
46) Gatsby le Magnifique - Francis Scott Fitzgerald
50) Nadja - André Breton
52) Le soulier de satin - Paul Claudel
57) Si c'est un homme - Primo Levi
60) Capitale de la douleur - Paul Eluard
88) L'attrape-coeurs - Jerome David Salinger

Et j'en passe ...

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